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Monday, October 29, 2012

HAITI, 50 ANS PLUS TARD…
FRANTZ BATAILLE

PREMIERE PARTIE

L
es années 60 restent déterminantes dans la vie nationale. Ce n'est pas que du point de vue politique, la guerre froide battant son plein, n'ait pas eu grand chose à voir dans l'orientation future d'Haïti.  Les années 60 représentent surtout un tournant par le simple fait que la société haïtienne a connu à cette époque une accélération dans le processus d'urbanisation.  Cette mutation sur fond de grossissement de flux migratoire et d’exode rural va  modifier le paysage physique et social  avant d ‘avoir des retentissements extra muros aux échos encore mal éteints.

Jusqu’a la fin des années 50, le pays haïtien se caractérisait par une mince frange urbanisée  et une hypertrophie insoupçonnée du monde rural.  Certes, choque par cette cassure et cette dichotomie sociale, de prestigieux auteurs mettront les autorités en garde contre le choc  en retour toujours possible d’un pays coupe en deux. Paul Moral, l’auteur du paysan haïtien, croyait  que l’heure des réparations avait sonne. Nous sommes déjà en 1961.  Le pays en dehors de Gérard Barthelemy reste encore tranquille, notamment depuis la 3eme guerre caco de  Benoit Batraville de 1920, dans le Plateau Central  et l’échauffourée de Marcha terre de 1929.  La Pax America s’est installée depuis 1934, même si Duvalier va lancer un appel quasi guerrier au monde rural, avec ses VSN. Toutefois, la question haïtienne va se préciser et prendre des proportions de péril démographique dont le massacre des Braceros en RD ne représente que la partie visible de l’iceberg.  En fait, le peril démographique est encore vivant, en rappelant que le Sud depuis 1910 et le Nord vers 1920  expatrient respectivement vers Cuba et Santo Domingo leurs paysans sans terre.

En somme, le monde rural sert encore beaucoup plus que de simple attraction touristique. L’agriculture fait vivre les ¾ de la nation. Il faudra attendre les années 80 pour voir le panier de la ménagère se modifier jusqu’a disparaitre  au profit des produits importes. Les jardins et cour jardins de Georges Anglade  dominent et colorent  les travaux et les jours du paysan haïtien. Toutefois,  l’exode rural est déjà une préoccupation des pouvoirs publics.  Les bidonvilles apparaissent déjà. Elles serviront d’arsenal à la grande colère des pauvres dans les années 90, tout en servant de repaire aux kidnappings et aux chime, veritable bras arme d’une forme de terrorisme d’état.

Donc, de  la fin des années 50 à 2010, les faits dominants de la vie nationale se résument dans la détérioration de la vie rurale, la disparition des grandes habitations et la bidonvilisation de l’espace urbain, tout cela sur fond d’explosion démographique.


Les pouvoirs publics sauront –ils se préparer à cette catastrophe inscrite déjà en filigrane dans les différents secteurs de la vie  nationale ?

Quoique la réponse a cette question tarde encore à venir,  il y a lieu de souligner cette politique de l’autruche que la société a impose aux décideurs alors en place.
Les départs pour l’étranger traduisent comme par compensation l’attrait que l’étranger exerçait déjà sur les élites et les classes moyennes. Amorcée a la fin des années 50, la migration vers l’étranger reste la caractéristique dominante des années 60. De nos jours, l’excuse la plus courante est que des reflexes de survie auraient pousse les élites du savoir et de l’avoir à s’expatrier. La dictature duvalierienne sert encore de prétexte au bovarysme des classes aisées. Au fond, la recherche d’un meilleur style de vie et la poursuite  des eldorados motivait et motive encore ces départs.  Haïti avait, quoiqu’on en pense, ses cadres. On va les retrouver au Canada, aux USA et en Afrique. Les Antilles françaises servaient de refuge à l’arrière cour d’Aquin et de Fond des Negres. Pour tout dire, au 20 eme siècle, les populations haïtiennes étaient les plus mobiles de la région caraïbe et du sous continent américain, preuve que quelque chose n’allait pas trop bien dans la première république noire du monde.

Les années 80 seront les plus critiques et  les plus décisives de cette période instable, témoin d’une véritable déshaitisation, compte tenu du rôle que le mode de vie étranger imposera à l’ensemble de la nation. « L’American way of life » s’infiltre partout, jusque dans nos hameaux recules. La France en perd son prestige et son rôle de référence séculaire. On voyage encore à Paris, mais on achète ses résidences secondaires à Miami et a NY. En 2010, la monnaie américaine est une denrée d’échange. La spéculation prend le pas sur la production. Washington arbitre les différends politiques haïtiens.  Haïti n’est indépendante que nominalement.

Il faudrait ici dire que les années 2000 sonnent le glas des indépendances haïtiennes au moment ou l’Afrique noire en est à fêter ses 50ans d’indépendance, non sans mettre en doute la possibilité pour les Haïtiens de se gouverner eux mêmes. Haïti, aux dires du Figaro, était devenu le fardeau du monde blanc. En 2004, Haïti célébrait ses deux cents ans  en pleine contestation politique, et  presque aux prises avec l’ancienne métropole française. Haïti a glisse depuis sur la pente d’une dépendance révoltante, étant donne la proverbiale fierté de son peuple.

Wednesday, October 17, 2012

LA QH LA TRIBALISATION

LA TRIBALISATION

Pour combler le vide laissé par la démobilisation des FAD ‘H. il s’est développé des groupuscules armés et par la suite des gardes prétoriennes, celles- là au service de la cause lavalassienne au départ, celles-ci appelées par vocation à protéger les vies et les biens.  Les bandes armées ne sont pas une nouveauté dans notre histoire ; l’armée souffrante de Jn J. Acau, le cacoisme sont les lointains ancêtres de ces armées parallèles qui rançonnent, violent, volent et tuent, avec la seule différence que, contrairement à ce que l’on pense, les cacos du Mord et les légions du Sud avaient une philosophie et une vision.

Dans les années 90 et 2000, encerclant les beaux quartiers de Babiole, de Debussy, de Delmas et de Berthé, les bidonvilles développées au seuil des résidences patriciennes, n’attendent que de répondre à l’appel des prophètes de malheur. La pauvreté, la misère, disent ces prophètes, n’est due qu’à l’exploitation. Il faut régler leurs comptes à ces bourgeoisies de faucons et la meilleure  façon de le faire n’est que d’appliquer la violence, fût-elle aveugle.

L’orage lavalssien passé, l’armée anéantie au nom de la démocratie et avec l’aval d’un Bill Clinton réduit aujourd’hui à battre sa coulpe, ces groupes  opèrent en toute impunité, continuent de semer le deuil et le désespoir  dans nos familles, kidnappant et immolant. Les pontes du régime lavalas, jusqu’aux ministres, empochent quelquefois les rançons et gonflent leurs comptes en US dollars. Il n’existe plus de garantie morale : les églises chrétiennes, malgré quelques sursauts, ne sont pas arrivées à exorciser le mal.

Par la suite, chaque cacique, disposant de sa propre armée ou de ses propres gangs, parait être a deux pas de légaliser ce qui est bien le crime institutionnalisé. Un président haïtien a même suggéré de négocier avec les chime ; un autre de s’entendre avec les kidnappeurs. Le danger d’une somalisation d’Haïti n’est pas à écarter.  Les bergers du troupeau sont devenus, redoutait le président Estime, ces loups mêmes qui le pillent et le tuent. C’est bien le legs des décennies dites démocratiques.

Mais, le pire, c’est le coût que la société  est en train de  payer. L’esprit de quartier, l’esprit de famille, la cohabitation du bon voisinage ont disparu, bouffés par la crise contemporaine, cette crise qui végète, notait le professeur Lesly. F  Manigat. L’enfance dont tout les adultes prenaient soin, le partage de nourriture par-dessus les clotûres, l’enfance qui était une responsabilité collective du voisinage,  le deuil qui n’était pas que individuel, les amis qui prolongeaient la famille horizontale plutôt que d’être le nucleus parental du modèle américain, autant de souvenirs qui ne sont plus que des reliques de la légende de la vieille Haïti.

Ces jours-ci, on s’attend au choc du patriciat et des mercenaires agglutines dans les bidonvilles autour des caïds qui vivent   à leur manière « the American way of life ». La guerre civile ferait presqu’un million de morts, estimaient les services secrets des pays amis. Mais, il existe un affrontement toujours possible entre les clans rivaux, entre les chime eux-mêmes d’une part et leurs chefs de l’autre,
L’autorité centrale ayant longtemps disparu. Les sociétés modernes se caractérisent par un état fédérateur dont l’embryon remonte, dans le cas d’Haiti, si l’on veut à Sonthonax et a Toussaint Louverture. Maintenant que chacun rêve de se faire justice à soi même, et de s’imposer au détriment d’une force institutionnalisée, la conclusion est patente que le rétablissement d’un semblant d’autorité passe par la mise sur pied d’un pouvoir fort, qu’il soit d’ici ou d’ailleurs.

Car,au moment où les assassins  reprennent du service, aux dires d’un militant ayant vieilli sous le harnais, on s’accorde à dire que la faute incombe au patriciat hostile à tout partage, malgré le coup de barre de 1957. On dit aussi que l’état providentiel et paternaliste haïtien a favorise la corruption aux dépens du progrès et de la bonne gestion. On oublie d’ajouter que le  président Estime avait prévu( pour cette bourgeoisie qui lui reprochait de ne pas savoir lui rendre son sourire) la venue d’un messie qui aurait tout de Lucifer et rien du Christ. Pour cette année Maya que voici, on en est là, pour des raisons tout autres. Les rescapés du lumpen embarquent dans les fourgons des classes heureuses, se marient parmi elles, se prélassent dans leurs lits tout en mangeant à leurs tables.  Le choc des classes n’aura finalement dépassé ni le ventre ni le bas ventre.

Les lumières, assure-t-on, brillent en des périodes de paix, de tranquillité et d’harmonie spontanée ou imposée. Les FAD’H et leurs auxiliaires ont quand même maintenu une pax de plus d’un demi siècle. Que la main étrangère ne soit  pas innocente à cette descente aux enfers ne change finalement  rien à la donne. Ce qui est évident, c’est que, malgré que la bête ait la vie dure, le besoin d’un remodelage économique, social et spirituel continue d’annoncer comme un grand rendez vous du printemps haïtien.

La tribalisation n’aura été,  enfin de compte, qu’un cauchemar  incongru .

LA QUESTION HAITIENNE

LA QUESTION HAITIENNE

LA TRIBALISATION

Pour combler le vide laissé par la démobilisation des FAD ‘H. il s’est développé des groupuscules armés et par la suite des gardes prétoriennes, celles- là au service de la cause lavalassienne au départ, celles-ci appelées par vocation à protéger les vies et les biens.  Les bandes armées ne sont pas une nouveauté dans notre histoire ; l’armée souffrante de Jn J. Acau, le cacoisme sont les lointains ancêtres de ces armées parallèles qui rançonnent, violent, volent et tuent, avec la seule différence que, contrairement à ce que l’on pense, les cacos du Mord et les légions du Sud avaient une philosophie et une vision.

Dans les années 90 et 2000, encerclant les beaux quartiers de Babiole, de Debussy, de Delmas et de Berthé, les bidonvilles développées au seuil des résidences patriciennes, n’attendent que de répondre à l’appel des prophètes de malheur. La pauvreté, la misère, disent ces prophètes, n’est due qu’à l’exploitation. Il faut régler leurs comptes à ces bourgeoisies de faucons et la meilleure  façon de le faire n’est que d’appliquer la violence, fût-elle aveugle.

L’orage lavalssien passé, l’armée anéantie au nom de la démocratie et avec l’aval d’un Bill Clinton réduit aujourd’hui à battre sa coulpe, ces groupes  opèrent en toute impunité, continuent de semer le deuil et le désespoir  dans nos familles, kidnappant et immolant. Les pontes du régime lavalas, jusqu’aux ministres, empochent quelquefois les rançons et gonflent leurs comptes en US dollars. Il n’existe plus de garantie morale : les églises chrétiennes, malgré quelques sursauts, ne sont pas arrivées à exorciser le mal.

Par la suite, chaque cacique, disposant de sa propre armée ou de ses propres gangs, parait être a deux pas de légaliser ce qui est bien le crime institutionnalisé. Un président haïtien a même suggéré de négocier avec les chime ; un autre de s’entendre avec les kidnappeurs. Le danger d’une somalisation d’Haïti n’est pas à écarter.  Les bergers du troupeau sont devenus, redoutait le président Estime, ces loups mêmes qui le pillent et le tuent. C’est bien le legs des décennies dites démocratiques.

Mais, le pire, c’est le coût que la société  est en train de  payer. L’esprit de quartier, l’esprit de famille, la cohabitation du bon voisinage ont disparu, bouffés par la crise contemporaine, cette crise qui végète, notait le professeur Lesly. F  Manigat. L’enfance dont tout les adultes prenaient soin, le partage de nourriture par-dessus les clotûres, l’enfance qui était une responsabilité collective du voisinage,  le deuil qui n’était pas que individuel, les amis qui prolongeaient la famille horizontale plutôt que d’être le nucleus parental du modèle américain, autant de souvenirs qui ne sont plus que des reliques de la légende de la vieille Haïti.

Ces jours-ci, on s’attend au choc du patriciat et des mercenaires agglutines dans les bidonvilles autour des caïds qui vivent   à leur manière « the American way of life ». La guerre civile ferait presqu’un million de morts, estimaient les services secrets des pays amis. Mais, il existe un affrontement toujours possible entre les clans rivaux, entre les chime eux-mêmes d’une part et leurs chefs de l’autre,
L’autorité centrale ayant longtemps disparu. Les sociétés modernes se caractérisent par un état fédérateur dont l’embryon remonte, dans le cas d’Haiti, si l’on veut à Sonthonax et a Toussaint Louverture. Maintenant que chacun rêve de se faire justice à soi même, et de s’imposer au détriment d’une force institutionnalisée, la conclusion est patente que le rétablissement d’un semblant d’autorité passe par la mise sur pied d’un pouvoir fort, qu’il soit d’ici ou d’ailleurs.

Car,au moment où les assassins  reprennent du service, aux dires d’un militant ayant vieilli sous le harnais, on s’accorde à dire que la faute incombe au patriciat hostile à tout partage, malgré le coup de barre de 1957. On dit aussi que l’état providentiel et paternaliste haïtien a favorise la corruption aux dépens du progrès et de la bonne gestion. On oublie d’ajouter que le  président Estime avait prévu( pour cette bourgeoisie qui lui reprochait de ne pas savoir lui rendre son sourire) la venue d’un messie qui aurait tout de Lucifer et rien du Christ. Pour cette année Maya que voici, on en est là, pour des raisons tout autres. Les rescapés du lumpen embarquent dans les fourgons des classes heureuses, se marient parmi elles, se prélassent dans leurs lits tout en mangeant à leurs tables.  Le choc des classes n’aura finalement dépassé ni le ventre ni le bas ventre.

Les lumières, assure-t-on, brillent en des périodes de paix, de tranquillité et d’harmonie spontanée ou imposée. Les FAD’H et leurs auxiliaires ont quand même maintenu une pax de plus d’un demi siècle. Que la main étrangère ne soit  pas innocente à cette descente aux enfers ne change finalement  rien à la donne. Ce qui est évident, c’est que, malgré que la bête ait la vie dure, le besoin d’un remodelage économique, social et spirituel continue d’annoncer comme un grand rendez vous du printemps haïtien.

La tribalisation n’aura été,  enfin de compte, qu’un cauchemar  incongru .
BALISATION

Wednesday, October 10, 2012

A LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU


DECEMBRE 07, 10

A LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU

Les plus belles des années d'Haïti ne sont  plus celles que l'on croyait.
1930, 1946, 1954, 1979, les années dites heureuses se distancent à un intervalle moyen de 15 ans. Cependant, entre les générations de ces années la, il n’y a pas grand chose de commun. Celles de 1930 et de 1946 se ressemblent politiquement, marquées l’une par le nationalisme et l’autre par l’authenticité et le besoin d’ouverture sur le reste du monde. Au tournant de 1950, ces générations se retrouvent happées par une américanisation balbutiante. Entre une France de moins en moins détentrice du modèle de référence et une Haïti a la recherche d’autres horizons, le mariage latin n’est plus qu’un mariage de raison. L’âge d’or situe vers 1954 est déjà saupoudre de folklore tropical épicé a la sauce de la magie vaudou qui fascine l’Amérique autant qu’Ava Gardner. Il y a déjà dans l’Haïti de la fin des années 50 ce frémissement qui annonce les impatiences du futur. Le glas sonne en 1957 des structures vermoulues du passé. Les pianos Pleyel des bords de mer du Sud se taisent, parfois sous une poussière jaunâtre et les toiles d’araignée.

Le clash des années 60 dans  une société déchirée entre son passé et un futur incertain, enlève peut être le sommeil a l’administration Kennedy sans ralentir pour autant la longue marche d’Haïti vers les 52 Afriques dansant déjà les tambours de la self détermination pour les dieux perdus de la  foret malienne. Duvalier est seul depuis Punta del Este a rassembler pierre sur pierre ce qui deviendra son aéroport sur lequel il accueillera le Roi des Rois Hailé Sélassié. Tout semble basculer sous les pieds d’une Europe fatigue par la guerre, tandis que l’Amérique en plein guerre froide se définit comme le grenier du monde, cela  jusqu’a l’écroulement du mur de Berlin. On pourra toujours se demander ce que Haïti a a gagner  à tenir la balance égale entre l’Est et l’Ouest, c’était oublier que l’humanisme negre pouvait encore avoir un mot à dire.
Les historiens parlent aujourd’hui de l’âge d’or de 1979. Il y aura toujours sous la grisaille du quotidien comme cette pluie d’or qui pourra séduire Danaé. Les hommes, a certaine époque, se contentent d’être heureux sans se demander pourquoi.  Haïti n’a pas toujours été maudite. 1930 en sonnant le glas des années de l’occupation, fit couler autant de larmes que Martin L. King débitant son discours: I have a dream… 1946 eut des couleurs d’apothéose jusqu’en 1950. Si les années 60 furent quelque peu amères, c’est que les élites n’étaient pas prêtes à payer le prix du passage à la modernité. Pensez à la grande société de Lyndon B. Johnson.
Et maintenant…

Depuis 1986, un sentiment de renouveau et de lassitude s’est installe dans la société, renforçant la perception que la précarité et l’impuissance continuent de marquer non sans fatalisme les âmes et les esprits. Jamais, cependant on  n’a été si proche de réinventer l’espérance qui depuis les Grecs reste la principale consolation de l’espèce humaine. Mais, pour ce faire, une certaine violence sur un certain passé incruste dans l’inconscient collectif peut se révéler un passage oblige; car, Haïti ne peut plus se laisser prendre a la gorge par ces fantômes qui se succèdent et se survivent. Les années dites exaltantes ne sont pas arrives à se soustraire a l’emprise de ces fantômes dont nous sommes malgré nous le jouet et les otages. Le passé n’est utile que s’il apporte les ingrédients indispensables aux édifices du futur. L’histoire ne peut plus être proustienne. L’histoire n’est vraiment histoire que si elle débouche sur l’inédit et sur le renouveau. Il y a eu Vertieres, mais il y a eu aussi la danse et le chant qui mènent au culte de ce qui reste de divin en chacun de nous. Autrement dit, chacun de nous peut se dépasser sur le plan individuel en sortant du passé collectif. A ce compte, de belles années nous attendant.

La chance d’Haïti n’est donc pas derrière, mais bel et bien devant elle.






















Wednesday, October 3, 2012

2 EME GUERRE MONDIALE. LE PILOTE ET LE SOLDAT

I


ls ne s’étaient jamais salués et ne se saluaient jamais.

Ils s’étaient finalement retrouvés en Haïti.  Petion-Ville. et habitaient deux maisons qui se   trouvaient l’une en face de l’autre. Tous les  matins, ils se croisaient, souvent au   supermarket, parfois à la station d’essence ou à la rue. Passaient dans l’indifférence, quelquefois, un pli au front. Qu’y avait-il entre eux ? Personne ne le savait. On dirait que s’entrevoir leur donnait presqu’un haut le cœur. Le regard qu’ils se jetaient inspirait autant de mépris que de nausée. Ils n’étaient point haïtiens, ne s’étaient donc pas querellés, ne s’injuriaient pas, n’avaient point entre eux des haitianneries qui renvoyaient a des histoires de famille et de couleur épidermique.

Ils étaient plutôt des blancs.

Y-avait-il entre eux des relations de famille tournées au vinaigre au fil du temps ? Non. Ni leurs filles ni leur garçons ne s’étaient mariés. Ils n’avaient pas non plus dans leurs relations s une de ces affaires qui s’etaient  achevées dans le drame. Ils n’étaient pas non plus des diplomates occupés à étouffer un incident ou à verser un contentieux. Arrivés tous deux en Haïti presque au lendemain de la  guerre, ils paraissaient plutôt attelés à se refaire une vie sous les Tropiques. Haïti jouissait d’une réputation que lui avaient  fait son rhum, le farniente, et un rythme qui pouvait leur permettre de se remettre de leur fatigue et de leurs désillusions.
Nos deux compères le savaient.

Donc, autant en jouir. L’Europe était loin.

Ils ne se saluaient point, ne s’étaient jamais salués.
Ils vivaient de souvenirs. L’âge leur avait fait un bon lot d’expériences. L’âge aurait du les assagir. Au contraire. S’ ils avaient eu  à la main un conteau, c’eut été un drame de plus. Leur regard le disait, et leur attitude physique également.  A les voir se dévisager quelquefois, en début de matinée, on le sentait. Deux voisins, ça invite à la cordialité. Mais, non. Heureusement, Haïti est dans leur cas, bien un no man’s land.
Une fois, l’un d’eux qui s’était laissé aller à un peu de sentimentalité a confié que la Resistance est passée par les Fourches Gaudines de l’occupant, il n’y a qu’a lire le Moulin Rouge, a –t-il ajoute. Son rictus nauséeux, sa mauvaise humeur, s’explique donc. Ce type qu'il ne pouvait sentir, il l’a connu en des temps difficiles.

Son voisin, lui, s’est retrouvé en France, du côté  allemand durant l’occupation. Pilote de mobilisé après l’armistice de Juin 1940, il est rentré chez lui. C’est là que tous les matins, il voyait passer en tenue militaire avec au col la croix gammée son voisin occupé alors à des taches de police ponctuelles. Tout est parti de la, et la haine et la rage à peine contenue de notre pilote.
Ce pilote qui était français s’appelait ...et son occupant allemand Siegel.

Ils se sont revus en Haïti.



PARIS LIBERATION, AOUT 1944




IL Y A 70 ANS, PARIS SE LIBERE