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Tuesday, September 18, 2012

HAITI-LE MAL FRANCAIS

LA QUESTION HAITIENNE.-

LE JOUR OU LA FRANCE CESSA D'ETRE FRANCAISE EN HAITI

E(
n se comportant comme il l’a fait au jubile des St Louisiens, le 23 juin dernier, l’ambassadeur de France, M. Didier Lebret  sonna le glas de l’influence francaise en Haiti. Ce que l’on tient pour un faux pas diplomatique tombe bien  mal a propos.  Dans cette Haiti  en pleine americanisation, ou  la langue francaise risque  bientôt d’etre releguee aux oubliettes, d’ici 50 ans, si l’on ne fait pas attention, M.Lebret a paru  ignorer par son attitude irreverencieuse a l’endroit d’un ancien chef d’etat haitien   qu’il y a toujours une manière d’etre francaise,laquelle n’a rien a voir avec la bassesse morale du monde latin. C’est de la que viendra a mon sens l’echec de sa mission dans cette premiere republique noire de notre planete.

Charles de Gaule
Aux yeux  du peuple haitien en effet, peuple fier et pour cause, la France a  toujours represente la finesse des manieres, l’elegance du parler, et une certaine grace de l’esprit. C’est a peu pres a cette France que se referait l’ ancien president Georges Pompidou quand il disait a ses compatriotes : «  Français, Francaises,  nous ne sommes pas riches, mais, nous comptons ». La France et ce qu’elle represente continue encore de fasciner. Le General de Gaulle  le savait bien qui disait  a son ministre Alain Peyrefitte,  «  La France reste la lumiere du monde ; quand tout va mal, c’est vers la France que l’on se tourne ». Autant de symboles que le geste inattendu  de son representant en Haiti vient tout bonnement remettre en cause.

Consideree  comme la patrie intellectuelle et morale du monde, cette France de toujours dont les images petillent encore  dans les magazines de voyage, aura donc servi de refuge sentimental aux  Atheniens du temps des Orientales  de Victor Hugo, de terre d’asile aux russes fuyant la revolution de 1917, aux haitiens traumatises par le choc de 1915. L’on comprend sans doute pourquoi a l’offensive de la Marne on retrouve Haitiens et Senegalais, defendant les terres de France et cette patrie interieure ou les valeurs de solidarite et d’humanisme trouvent encore un sens. M. Debret devra donc retourner dans ses livres pour apprendre a etre francais, qui se resume dans  cette  manière d’etre, de croire et de penser, ensemble qui continue de faire la difference et qui donnera a ce peuple une place toujours enviable dans le concert des natioins.




Une France Et Une Haiti Gaullienne

Cette France a-t-elle en fait vecu ? Seul M. Debret pourrait nous le dire. En tout cas, quand on regarde de plus pres, il faut bien se rendre a l’evidence que ruant dans les brancards, comme il le fait meme au conseil de cabinet du Premier ministre, M. Laurent S. Lamothe,l’ambassadeur  depasse la mesure en renouant avec des reflexes de colon que l’on retrouve encore chez les Bekes de la Martinique et de la Guadeloupe et peut etre chez ce Premier ministre francais qui revait de lancer chez nous l’operation Rochambeau vers 2004, l’annee meme du bicentenaire de la victoire de Vertieres. Ce n’est pas la premiere fois que de tels petits francais oublient les lecons de  l’histoire surtout quand elle est haitienne. L’ancien PM JJHonorat a quand meme chasse un Bernard Dufour qui  revait de jouer aux proconsuls sur l’ancienne terre de St Domingue. Mais, c’est bien la premiere fois qu’un diplomate francais flagelle l’orgueil national en choisissant de ceder le pas a la bete plutôt qu’a l’ange qui cohabite chez notre espece. Or, l’homme, disait Henry Bergson, est quelque chose qui doit etre depasse.

Il sera, helas, toujours penible  d’abonder dans le sens de M. Peyrefitte denoncant ce mal francais qui continue de faire les malheurs de la France dans ses anciennes colonies d’Afrique par exemple. Les ressortissants  anglo-saxons entre autres deplorent la faillite francaise partout ou la conquete  a conduit les cadres administratifs de la metropole. La France laisse derriere elle des societes mal integrees, des generations aux prises avec des etats d’ames et des complexes qui n’ont pas fini de ruiner les ames, comme ce fut le cas en Haiti, des rivalites de personnes, de couleurs et de classes capables de conduire a la violence. La raison en est simple : la France du bon vin reste en France.

C’est sans doute a cette France que songeait De Gaulle quand il s’ecriait   des 1962 aux Algeriens son mot historique :Je vous ai compris, a l’epoque des «  fremissements des decolonisations africaines » . C’était a notre humble avis une facon de fermer le chapitre des injustices et des crimes lies a la conquete et a la presence francaise dans cette Afrique du Nord, confondue dans ce qu’on appelle depuis Benoist Meschin, le printemps arabe. Haiti, et surtout, l’Haiti de Francois Duvalier est devenue et non sans raison gaullienne parce que De Gaulle qui se plaisait a blamer les vacheries de  son peuple, savait egalement que l’histoire n’était pas une ligne droite,  que les societes et  les dirigeants  qu’elles se donnent pouvaient tout egalement  se sentir bien dans leur peau, sous ce que les donneurs de decons epris d’eurocentrisme appelllent dictature et pouvoir fort,  meme si  l’impunite blamable chez les uns pouvait bien porter le nom de pouvoir imperial chez les autres sans ce que ces ambassadeurs trouvent  quoi que ce soit a redire.

ADIEU MAMAN, ADIEU PAPA, VIVE HAITI, VIVE LA FRANCE,!

N’empeche que La France ait connu de tres belles heures en Haiti, cette « fille ainee de la latinite » .Parce que si etre Français, c’est vivre et mourir pour quelque chose de plus grand que soi, les Français tombes du cote haitien  a Vertieres en novembre 1803 n’auront pas verse en vain  leur sang sur nos terres epiques sinon  la justice, le sens de l’autre et la decouverte de soi a travers l’autre n’eussent pu  transcender les petitesses et les mesquineries individuelles  qui appartiendront toujours  comme ces ambassades  a la poubelle de l’histoire. Il n’y a point d’autre explication a l’embrigadement de francais dans l’armee de Toussaint Louverture, pas plus qu’il n’y en a  chez ces anciens conventionels venus deliberement terminer leurs jours en Haiti, apres l’independance. Certes, il existera toujours une histoire d’amour et de repulsion entre Haiti et la France. Mais, cette assertion qui veut que chaque habitant de notre planete ait deux patries : la sienne et puis la France tient encore, notamment quand la France se trouve happee par le malheur que ce soit en 1914 ou en juin 1940. Par sa revolution, par sa pensee, la France a toujours eu une vocation planetaire et humaniste. Ils viennent bien sur trop tard, ces aventuriers deguises en diplomates qui croient pouvoir reecrire une histoire a laquelle ils sont quasi etrangers. Les Français tels que l’ancien correspondant de l’AFP Dominique Levanti se font encore inhumer en Haiti, et des Haitiens tout aussi connus choisissent pour sepulture l’ancienne terre de la Bauce ou la pente inclinee d’une petite colline decrite par Flaubert ou  Chateaubriand. Il n’existe pas de temoignage plus eloquent au depassement et a la profonde verite des etres.

En 1944, a la liberation de Paris par les troupes avancees du general Leclerc, les cloches d’une capitale qui dut servir de reference a la mediterrannee de Charles Maurras carillonnerent comme pour exprimer la solidarite de cette France noire a la lutte du peuple francais. C’était sous Elie Lescot et la capitale s’appelait  P-au-P. Inoubliable ce sacrifice d’un jeune Haitien pris par les Nazis qui s’ecria au moment d’etre fusille : Adieu maman, adieu papa, vive Haiti, vive la France... Quand au cours d’une histoire tricentennaire et meme plus, de tels liens ont été tisses entre une metrople et sa colonie, c’est dire qu’il y a au dela du sang verse et du langage des armes , il y a, M. Debret, un monde shakespearien qui veut se soustraire a  la fatalite pour ceder la place a un reve prometheen, ou les hommes decideront de leur propre avenir, selon des choix  qui relevent de ce depassement auquel la magie de notre histoire t’invite, mon pauvre homme.   Parce que « ceux qu brisent sont bien des fois ceux qui creent, selon le president Francois Mitterand, il y aura toujours de ces francais, heros obscurs de nos terres profondes, qui sauront en se joignant a l’hymne universel de la creation quotidienne, sauver notre jeunesse du doute et du desespoir. Je pense ici a un vieux professeur  breton de Leogane qui avait peine a contenir sa colere en evoquant l’acte infame  d’un capitaine allemand vis-à-vis de notre bicolore au 19 eme siecle.




DE LA M… DANS UN BAS DE SOIE

L’histoire se repete, l’histoire begaie, s’ecriait Roger Gaillard,l’historien de l’occupation americaine  de 1915.  Dommage qu’en se repetant dans cette enceinte saintlouisienne qui n’a pas que des ombres au tableau une presence diplomatique ait reveille ce que l’histoire depuis Paul Valery recele d’amertume et de rancunes mal digerees. Mais, fort heureusement, l’histoire n’a pas que le facies de Janus uniquement tourne vers le passe.  En 1945, ce fut bien la petite Haiti a la conference de San Francisco qui sans ruminer  les atrocites attachees a Leclerc et a Rochambeau sut imposer le francais comme langue internationale pour les batailles du futur.  Il y aura toujours meme chez  ceux  qui restent tres peu avares du sang humain,  quelque chose a tirer parce que la conquete depasse souvent le conquerant. Le Code napoleionien reste une reference dans l’histoire du droit haitien, sans nuire a la mémoire de l’empereur qui laissa autant de veuves que d’orphelins . N’y a -t-il seulement  que du sang chez les dictatures ? Voila une hypothese d’ecole sur laquelle se pencher, M. Debret. La democratie a tout l’air de ces vierges qui ne savent pas encore  si la fecondation passe d’une manière ou d’une autre par le sacrifice.

J’aurais aime emprunter a Francois Mitterand son tres beau titre : «  La paille et le grain »pour retrouver ce sens de la vie aussi bien dans la France profonde que sur  nos terres secretes ou les labours et les saisons racontent l’interminable dialogue de la terre et du ciel. Nos paysans qui, dans le haut Artibonite et sur les pentes du Macaya, continuent encore de boire a la sante du roi de France veulent tout simplement dire que la vie est permanente surtout lorsqu ‘elle prend le masque  de la mort. Au fond rien ne meurt, pas plus que la paille du president francais ni non plus ce que la France garde d’ivraie dans la recolte . mais, la diplomatie qui est l’art de la politesse  devra chaque jour se reinventer et laisser croitre le bon grain de la France de Mitterand. La France est bien sure trop grande pour chausser les bottes du petit Poucet ; sinon, comme un Napoleon en colere parlant  aux Tuileries en janvier 1809  a son ambigu ministre Talleyrand,ce beau monde qui se targue de parler au nom de la France ne sera  que finalement « de la m… dans un bas de soie »



Miami, Florida
Aout 2012




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