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Wednesday, December 26, 2012

LA QH RESTES D'EMPIRE par Frantz Bataille


A
 son retour d’exil, le vieil empereur ne trouva pas que  des ruines dans son Pt Goave natal. Qu’avait –il rapporté de la  Jamaïque où il a vécu jusqu’au départ de son ennemi et successeur Fabre Geffrard, vers 1867. Jusqu’au 20 eme siècle prochain, la Jamaïque sera le tombeau du pouvoir haïtien, estiment nos voisins. Geffrard lui-même et  plus tard, Nord Alexis iront chercher refuge chez eux. Par la suite , Antoine Simon, en bon agriculteur, y  ouvrira même une ferme, attaché qu’il était au bucolisme des Coteaux où il naquit vers 1842. Soulouque lui-même n’a fait que suivre la voie de sortie empruntée par Jn P. Boyer qui vit mourir sa maitresse Joute de phtisie pulmonaire. La Jamaïque est-elle le rendez vous des fins de règne en Haïti ? pensez -y Magloire, Estime, Marcaisse Prosper, Lataillade…

Rentré d’un exil un peu long, Faustin  Elie Soulouque laissera a la posterite  sa maison du centre ville de P. Goave ou il naquit en 1782. Dénommée le Relais de l’Empereur, cette construction était d’abord suffisamment en bon état avec une boiserie qui annonce déjà le  gingerbread de la fin du 19 eme siècle, pour abriter le léopard bébé d’Olivier Coquelin, figure connue  des milieux touristiques haïtiens dans les années 70.  Noir d’une belle stature et avec un physique qui annonce la stabilité et la patience, Soulouque ne manquait pas de goût. Les historiens se demanderont non sans ironie ce qu’il était allé hélas chercher  dans ce fief des clercs ; Faustin 1er  au pouvoir sut  néanmoins remplir son  son rôle avec dignité. C’est le moins qu’on puisse dire.

Sa descendance évoque encore avec un brin de nostalgie ce passé quand même lointain. L’argenterie impériale aurait été recueillie par les Cameau, et les Auguste de Petit Goave.  Dans sa jeunesse, une fille  Cameau, se rappelle les manières de cour des vieilles portant  en fin d’âpres midi, ces longues robes, sorte de grâce défunte d’un empire trop éphémère. On ne sait pas trop ce qu’il est advenu des coffres remplies que l’empereur emporta à la Jamaïque. Mais, protégé par le chef de la garde, le colonel Fabre Geffrard, la famille impériale se rendit sans histoire au port d’embarquement. Lysius F.Etienne Salomon n’eut pas non plus  à s’inquiéter,  même si, ce jour-la, Geffrard , duc de Tabara et Salomon, duc de St Louis du Sud se dévisageaient l’un et l’autre avec méfiance.

Contemporain de l’empereur, Fréderic Marcellin évoque cette fin de règne qui inspira au bon peuple sarcastique sa meringue de carnaval ;les décorations de la noblesse impériale trainèrent dans les rues de Pt-au-Prince. Peu de jours après, la république rétablie, ce qui resta de l’empire survécut dans les proverbes, a propos du grand chambellan de Delva.  Riche comme de  Delva, s’amusa ce bon peuple.  Longtemps après, une lettre de Soulouque à Geffrard exprima les états d’âme de l’empereur, manipulé et trahi par son homme de confiance dont il aurait fait la fortune. On prétend que l’impératrice Adelina Leveque, en faisant une plaisanterie au colonel Geffrard, l’aurait mis en garde contre ce qui se tramait contre lui. Sans perdre de temps, le chef de la garde du palais se rendit à cheval au Ft Sainclair, embarqua dans un voilier,  se rendit aux Gonaïves où il leva avec Aime Legros, l’étendard de la révolte.

Aujourd’hui, contraste étrange, la couronne de l’Empereur sert de garantie dans les coffres de la Banque nationale, tandis qu’une modeste tombe à Manegue, dans la région de l’Arcahaie, abrite les restes de la mère de l’impératrice.  Mais, moins exacte, au  fil des années, l’histoire devait se confondre avec la légende. L’habitation du bonhomme Coachi servirait  de haut lieu spirituel  et de  panthéon vodou aux dieux lares des Soulouque.  En revanche, les liens du sang étant ce qu’ils sont, jusque dans l’arrière pays d’Aquin à la Colline par exemple, on rencontre de lointains descendants qui gardent quelques traits physiques de la noblesse  soulouquoise. D’autres   vivraient, méconnus, happés par la misère et la pauvreté, dans les classes défavorisées, note un directeur d’opinion. A l’échelle internationale, le consul français, Maxime Raybaud, sous le pseudonyme de Gustave d’Allaux, a fait une image tres caricaturale de l’empire de Faustin Soulouque. «  Souriez, Messieurs, commandait le chef du protocole, a l’arrivee de l’empereur, ironisait  d’Allaux. De telles observations donnèrent naissance au terme  soulouqueries dans les salons de Paris, sous le second empire. Mais, plus prés de la vie  et des traditions nationales,  l’apparition de la vierge, vers 1849, à Saut d’Eau, dans le Plateau Central devait consacrer ces chutes de la rivière La Terme, qui sous le signe d’un syncrétisme afro-latin, scellent  pour toujours  l’interpénétration entre le vodou haïtien et le culte catholique.  Soulouque, simple et resté attaché à ses croyances, ne sut pas trop bien exploiter cette manifestation de la   cosmogonie  occidentale, telle qu’elle se répétera en Europe , c'est-à-dire, à  Lourdes et à Fatima

Prochainement : Soulouque, un legacy controversePP