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Tuesday, February 3, 2015

IN MEMORIAM LAMARTINIERE HONORAT

 LE DERNIER DES GRIOTS


Mama disait souvent:



La politique unit, désunit et réunit - 


Il avait le verbe chaud, il semblait parler avec ses tripes, lui qui ne mâchait pas ses mots. A 90 ans, il n’avait rien perdu ni de ses convictions et moins encore de ses illusions. Cet homme des années 30 qu’on croyait appartenir au passe, respirait le futur, parce que, comme dit le romancier Jennifer Cooper, the futur has à past.

Lamartinière Honorat
Lamartinière Honorat est néanmoins une espèce en voie de disparition. Il faut aller au fond de nos campagnes pour retrouver les derniers représentants de cette  Haïti, celle qui peut revendiquer une certaine authenticité. Les hommes de 46 ont toujours affirme qu’ils étaient des authentiques ; Mama Honorat a été discrètement l’un d’eux.

Apprivoiser le vodou, la religion populaire haïtienne, danser le Dahomey Zepol  sous les péristyles du bas Pt-au-Prince, fréquenter comme Jacques Roumain les vieux quartiers du Bel Air ne suffit pas cependant à asseoir l’authenticité dans le réel. Estime et ses pairs ne l’ont pas suffisamment dit, d’où peut cet acharnement à enfermer l’authenticité haïtienne dans le colorisme. Un griot comme Mama Honorat a tenté de le dire au prix d’une certaine trahison, étiquette qu’on lui collera à voix  basse, notamment vers 1963, quand sn frère, le colonel Lionel Honorat était l’âme d’un complot contre François Duvalier. Mais, c’est la une tout autre histoire

Cela dit, Mama Honorat sut aller plus loin en s’engageant autour des années 80 dans une bataille que Jean Dominique et bien d’autres assimilaient à la bataille pour sauver l’âme haïtienne. Ce fut un combat d’arrière garde car, l’américanisation ne laissait plus de place à cette quête de soi, parce qu’on pratique encore la politique du plat de lentilles. Le 21 eme siècle est à la vérité le siècle de Dieu, mais à vouloir atomiser l’être suprême, on aboutit en réalité à son exil. Mama dirait à la suite de Gide qu’on pouvait trouver Dieu partout et nulle part. Mama était comme tout bon griot proche de ce peuple à l’instinct sur.

Il n’en fut pas moins un aristocrate de l’esprit ; on sentait qu’il aimait le beau en chevalier. Estimiste, il rêvait grand. C’est peut être son plus bel héritage, celui qu’il souhaitant passer à la jeunesse.  Il l’aura réussi cette secrète passation, issu qu’il était de cette élite  en devenir qui était l’obsession de la seconde moitié du 20 eme siècle en Haïti. Malheureusement ; Mama Honorat ne savait pas qu’il pouvait manger le pain de l’exil et voir son pays foule par les bottes étrangères. Mieux que Carlet Auguste, un nationaliste sorti du Nord, Mama Honorat sut survivre pour observer, un sourire ironique aux lèvres, comment l’histoire haïtienne sut se venger de ceux qui croient toujours l’enfermer dans un cliche de chancellerie.

L’âme haïtienne reste encore marron surtout au nom d’un indéfinissable bonheur.
Tout  bon  griot le sait.