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Monday, May 11, 2015

AU RENDEZ VOUS BIO

On se demandait une fois pourquoi le président haïtien se déplaçait si souvent. La raison en est simple, c’est qu’Haïti est en train d’amorcer la plus profonde mutation de son temps et qu’il fallait la faire connaître.

C’est un fait, l’économie haïtienne ne se limite plus à ces quatre facteurs du passé qui sont le café, la canne à sucre, le cacao et le campêche.


Les opportunités naturelles, les hasards de la géo-économie  constitueront, à  la grande surprise des observateurs, le miracle inévitable de cette Haïti qui, située sur ces  routes internationales intercalées entre le golfe du Mexique, presque à mi-chemin entre le Canal de Panam et le Canal du vent, se trouve, par la force des choses, sur ces routes des économies asiatiques tout en la reliant à une nuit de bateau de la capitale économique du monde que sont encore les USA, d’un côté; de l’autre, c’est encore comme par miracle également que les îles adjacentes haïtiennes se sont inventées au fil du temps  une vocation touristique, avec le pied à terre du célèbre capitaine Morgan à l’île à Vaches et à la Gonâve ou vers 1957, le candidat Clément jumelle voulait établir un port d’entreposage et de relais pour les avions se dirigeant en Amérique  du Sud ou vers l’Amérique du Nord, avant l’ère des jets.

La guerre froide et les aléas de la politique haïtienne ont conduit le pays  a une ère d’incertitudes qui, ajoutée au séisme, l’ont rendu encore plus vulnérable et plus dépendant. Toutefois, cette dépendance, elle aussi, ne parait plus irréversible, car; pour  plusieurs raisons, Haïti semble émerger d’une si  longue période de confusion et d’instabilité, que ,finalement, une ère d’optimisme pointe à l’horizon et conséquemment une tendance au renouvellement du tissu économique haïtien .
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La Révolution muette

A cela, il y a plusieurs facteurs, entre autres, d’abord, la nouvelle donne de la théorie des avantages comparatifs et ensuite les grandes mutations survenues intramuros et extra muros.

Au début du 21ème siècle, commençons-nous à apprendre, les pays du tiers monde ne sont plus ce qu’ils étaient. Comme si ces pays tenaient à prendre leur revanche, ils surgissent sur la scène mondiale avec ce qui pendant longtemps a fait leur force et leur originalité, à commencer par l’énergie et la qualité non nocive de leur agriculture. Il est convenu de nos jours d’étiqueter cette énergie sous le nom d’énergie renouvelable et cette agriculture sous l’appellation d’agriculture bio.  Haïti a le double avantage d’occuper une position enviable dans cette catégorisation, même si chercheurs et observateurs  continuent à associer la crise contemporaine à la crise agraire qui, non résolue au début du 20ème siècle, allait entraîner l’instabilité de la seconde moitié du même siècle. Vers 1911, le président Antoine Simon rêvait d’une société encore agraire, mais un siècle plus tard, sans se limiter à cette société un peu passéiste, le président Martelly entend donner la chance à l’entreprenariat associé également à une société de services et aux investissements susceptibles d’avoir des effets d’entrainement et des retombées pour le moins heureuses.

En mettant un peu plus d’emphase sur les potentialités des énergies renouvelables telles que l’énergie solaire, sa variante éolienne ou hydraulique, Haïti sera non seulement capable de réduire ses effets de serre pernicieux pour l’écosystème, mais encore sa dépendance par rapport aux produits pétroliers et le reste. Il ne tient qu’à nous  à faire le premier pas particulièrement au regard de  cette Allemagne qui occupe le peloton de tête en matière d’énergie renouvelable et également  au moment où l’agriculture haïtienne, essentiellement bio, est à un tournant ou plus simplement amorce un second souffle,


Retour à la terre


La preuve en est que des pionniers restés fidèles à la terre  opèrent depuis quelque temps les grands  retours, comme  Cincinnatus retournant à ses charrues. A la fièvre du Mango francique devenu denrée exportable, se greffe récemment l’expérience a Camp Perrin d’un ancien officier de l’armée, M. François Benoit s’occupant de salades hydroponiques destinées tout aussi bien à l’exportation. L’avantage de telles initiatives tient au fait que l’agriculture haïtienne a le mérite de rester bio, pour employer un mot  à la mode. De jeunes entrepreneurs s’engagent  dans la foulée, tentés eux aussi  par des marchés aussi lointains que Francfort et Londres. Alors, à cote des hauts et des bas de ce qu’on appelle la tertiarisation de l’économie, entendez par là la primauté du secteur des services , un certain optimisme est permis par le fait qu’un tourisme appuyé sur des énergies non polluantes et une consommation bio vient à point pour donner du souffle aux concepteurs   d’une politique touristique qui a l’avantage de répondre au besoin  de l’inédit du visiteur.  Jamais, depuis les années 50 et 70, Haïti n’a  été à ce point on the move, malgré les diseurs d’apocalypse. Il ne reste qu’à sensibiliser l’opinion nationale et internationale sur ce grand renouveau du tertiaire dans le monde haïtien  , et  attendre  les inévitables effets d’entrainement,  Apres la fièvre de la découverte  de l’art naïf ,des arts  plastiques et du vaudou dans les  années 40 et 50, le boom hôtelier et bancaire des années 70, Haïti ajoute à son potentiel d’énergie renouvelable et son terroir bio, un cote thérapeutique sur lequel l’Allemagne n’en finit pas d’insister : c’est la vitamine D, une hormone vitale dans l’organisme humain et qui se trouve synthétisée au niveau de la peau grâce à l’énergie solaire qui reste le capital naturel haïtien par excellence. .



Haiti, capitale mondiale du vetiver



Usine Frager aux cayesPeut-on dans un tel contexte désespérer d’une telle république même lorsqu’elle est habitée hélas par une société devenue depuis deux décennies quelque peu suicidaire ? Les Taïwanais continuent de jalouser la situation géographique d’Haïti distante de seulement de 2 heures d’avion de la grande Amérique ; les Américains des années 50 préféraient le genre de vie haïtien libre de stress et de ce qu’on appelle the morgage killer syndrome du American way of life; ceux des années 70 se demandaient ce que les Haïtiens allaient chercher dans cette Amérique a la fois proche et lointaine. Maintenant, la donne est tout autre. Haïti, est en train de vivre  son propre  printemps, à proximité de grands marchés émergents dont le géant brésilien des pays du BRICS. Pour un pays avec une abondante main d’œuvre, la tentation reste grande de constituer une rampe de lancement  pour ces pays du Nord en quête de marchés plus flexibles.

Quoi qu’il en soit, pour tout dire, dans le cas d’Haïti et bien d’autres pays du Tiers monde, les grandes mutations de notre temps, les inquiétudes planétaires en matière de réchauffement climatique, le besoin de se mettre à un régime plus bio et de recourir a  l’énergie alternative placent Haïti malgré tout au cœur d’une problématique humaine, comme si le destin de l’espèce passait finalement  par celui de son environnement. Des considérations beaucoup plus prosaïques, elles aussi, redéfinissent le rôle du tiers monde dans les économies périphériques et lointaines. Le grand Nord a tout à gagner en délocalisant la production aussi bien dans le domaine du profit que dans celui de la protection de l’environnement. A mi-chemin des trois Amériques, aux portes du Brésil, au cœur d’une Caraïbe a vocation essentiellement touristique, Haïti ne veut et ne peut plus être la cendrillon de la fable. Le pays le plus polyglotte de la région (les Haïtiens parlent plus ou moins les grandes langues commerciales du monde), avec le terroir parmi les plus bios du monde, Haïti commence à se faire connaitre comme  le champion mondial du vétiver, c’est-à-dire, la  principale réserve des parfumeries du monde  en termes de  matières premières, selon ce que les médias disent de l’agronome Pierre Léger du Sud haïtien.

Le président haïtien  Michel J. Martelly peut continuer à  jouer le rôle de relations publiques planétaires pour son pays.