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Friday, September 11, 2015

MAURIN DE FRANCE PLEURE SUR LA FORET HAITIENNE.




 NDRL

MaurinDefrance est français et a effectué plusieurs voyages en Haïti. Marie a une diplomate de Petit Goave, Mme Nadjine François Defrance, connue pour son dynamisme,, Maurin Defrance tire la sonnette d'alarme sur le péril écologique haïtien.


Mornes d'Haiti




Triste Morne

C’est une hémorragie verte,
Une hémorragie d’ombre et de fraîcheur,
Une hémorragie de grands arbres, de faîtes feuillus et de larges ramages,
C’est une croissance prodigieuse portée par d’immenses troncs aux innombrables racines
Qui s’envole en fumée.
D’un coup de hache, le temps s’arrête.
Combien de soleil et combien de pluie,
Combien de lunes et de saisons,
Combien de générations ont succombé tandis que l’arbre s’élevait ?
Combien d’âmes se sont glissées dans ses anneaux de bois ?
Combien d’oiseaux se sont abrités dans ses branchages ?
Des mondes naissent et meurent et lui seul reste l’imperturbable témoin.
Silencieux et souverain.
Intelligence naturelle, généreuse présence, pierre philosophale, 
Seule capable de transformer la lumière en un flux de vie.
Glorieuse turgescence, infinie prospérité, heureuse canopée.
Contempler ton abondance, c’est admirer l’œuvre du monde,
C’est se réjouir de ce qui est, et se placer sous la protection de ce qui demeure.
Goûter tes fruits, humer tes fleurs : joie !
Arbre dont les veines, les épines et les nœuds, sont comme le reflet de toutes choses,
Instants mouvants coulés dans un temps plus lent.
Mapous, Véritables, Manguiers, Ficus, Amandiers, Fromagers, Palmiers,
Noms-visages d’une famille-ramier aux reflets infinis.
Tu ne dis rien mais tes enfants emplissent le monde de leurs chants :
Rivières à l’onde joyeuse et oiseaux aux sifflets multicolores,
Cris des singes et fourmillement d’une vie innombrable,
Orchidées s’accrochant à tes branches, fleurs volantes, 
Cachettes secrètes de tes replis,
Mousses humides, pourritures, ruissellement de verdure en constante propagation,
Etages de lumière et de pénombre.
Arbre qui ne juge pas, arbre qui s’offre sans compter, arbre qui protège
Pourquoi réduire en cendre ton immense banquet ?
Oh Haïti chérie, pourquoi as-tu mangé tes forêts ?
Pourquoi as-tu pelé tes mornes jusqu’à la pierre ?
Pourquoi as-tu transformé en charbon ton palais de verdure ?
Pourquoi ce suicide ?
Tes enfants courent dans le lit de rivières asséchées où s’empilent des monceaux d’immondices.
Les oiseaux ont déserté tes campagnes écrasées de soleil.
Ta terre nue siffle sous le vent des ouragans.
De-ci de-là restent quelques arbres et quelques rares forêts, vestige d’un monde perdu.
Souvenir triste de la terre de tes aïeux.
Combien de temps espères-tu encore vivre alors que ton monde est en train de s’éteindre ?