son retour d’exil, le vieil empereur ne trouva
pas que des ruines dans son Pt Goave
natal. Qu’avait –il rapporté de la Jamaïque
où il a vécu jusqu’au départ de son ennemi et successeur Fabre Geffrard, vers
1867. Jusqu’au 20 eme siècle prochain, la Jamaïque sera le tombeau du pouvoir haïtien,
estiment nos voisins. Geffrard lui-même et
plus tard, Nord Alexis iront chercher refuge chez eux. Par la suite ,
Antoine Simon, en bon agriculteur, y ouvrira même une ferme, attaché qu’il était au
bucolisme des Coteaux où il naquit vers 1842. Soulouque lui-même n’a fait que
suivre la voie de sortie empruntée par Jn P. Boyer qui vit mourir sa maitresse
Joute de phtisie pulmonaire. La Jamaïque est-elle le rendez vous des fins de règne
en Haïti ? pensez -y Magloire, Estime, Marcaisse Prosper, Lataillade…
Rentré
d’un exil un peu long, Faustin Elie Soulouque
laissera a la posterite sa maison du
centre ville de P. Goave ou il naquit en 1782. Dénommée le Relais de
l’Empereur, cette construction était d’abord suffisamment en bon état avec une
boiserie qui annonce déjà le gingerbread
de la fin du 19 eme siècle, pour abriter le léopard bébé d’Olivier Coquelin,
figure connue des milieux touristiques haïtiens
dans les années 70. Noir d’une belle
stature et avec un physique qui annonce la stabilité et la patience, Soulouque ne
manquait pas de goût. Les historiens se demanderont non sans ironie ce qu’il
était allé hélas chercher dans ce fief
des clercs ; Faustin 1er au pouvoir sut néanmoins remplir son son rôle avec dignité. C’est le moins qu’on
puisse dire.
Sa
descendance évoque encore avec un brin de nostalgie ce passé quand même
lointain. L’argenterie impériale aurait été recueillie par les Cameau, et les
Auguste de Petit Goave. Dans sa jeunesse,
une fille Cameau, se rappelle les
manières de cour des vieilles portant en
fin d’âpres midi, ces longues robes, sorte de grâce défunte d’un empire trop éphémère.
On ne sait pas trop ce qu’il est advenu des coffres remplies que l’empereur
emporta à la Jamaïque. Mais, protégé par le chef de la garde, le colonel Fabre
Geffrard, la famille impériale se rendit sans histoire au port d’embarquement.
Lysius F.Etienne Salomon n’eut pas non plus à s’inquiéter, même si, ce jour-la, Geffrard , duc de Tabara et
Salomon, duc de St Louis du Sud se dévisageaient l’un et l’autre avec méfiance.
Contemporain
de l’empereur, Fréderic Marcellin évoque cette fin de règne qui inspira au bon
peuple sarcastique sa meringue de carnaval ;les décorations de la noblesse
impériale trainèrent dans les rues de Pt-au-Prince. Peu de jours après, la république
rétablie, ce qui resta de l’empire survécut dans les proverbes, a propos du
grand chambellan de Delva. Riche comme
de Delva, s’amusa ce bon peuple. Longtemps après, une lettre de Soulouque à
Geffrard exprima les états d’âme de l’empereur, manipulé et trahi par son homme
de confiance dont il aurait fait la fortune. On prétend que l’impératrice
Adelina Leveque, en faisant une plaisanterie au colonel Geffrard, l’aurait mis
en garde contre ce qui se tramait contre lui. Sans perdre de temps, le chef de
la garde du palais se rendit à cheval au Ft Sainclair, embarqua dans un voilier, se rendit aux Gonaïves où il leva avec Aime
Legros, l’étendard de la révolte.
Aujourd’hui,
contraste étrange, la couronne de l’Empereur sert de garantie dans les coffres
de la Banque nationale, tandis qu’une modeste tombe à Manegue, dans la région
de l’Arcahaie, abrite les restes de la mère de l’impératrice. Mais, moins exacte, au fil des années, l’histoire devait se
confondre avec la légende. L’habitation du bonhomme Coachi servirait de haut lieu spirituel et de panthéon
vodou aux dieux lares des Soulouque. En
revanche, les liens du sang étant ce qu’ils sont, jusque dans l’arrière pays d’Aquin
à la Colline par exemple, on rencontre de lointains descendants qui gardent
quelques traits physiques de la noblesse
soulouquoise. D’autres vivraient, méconnus, happés par la misère et
la pauvreté, dans les classes défavorisées, note un directeur d’opinion. A l’échelle
internationale, le consul français, Maxime Raybaud, sous le pseudonyme de
Gustave d’Allaux, a fait une image tres caricaturale de l’empire de Faustin
Soulouque. « Souriez, Messieurs, commandait le chef du protocole, a
l’arrivee de l’empereur, ironisait
d’Allaux. De telles observations donnèrent naissance au terme soulouqueries dans les salons de Paris, sous
le second empire. Mais, plus prés de la vie
et des traditions nationales,
l’apparition de la vierge, vers 1849, à Saut d’Eau, dans le Plateau
Central devait consacrer ces chutes de la rivière La Terme, qui sous le signe
d’un syncrétisme afro-latin, scellent pour
toujours l’interpénétration entre le
vodou haïtien et le culte catholique.
Soulouque, simple et resté attaché à ses croyances, ne sut pas trop bien
exploiter cette manifestation de la
cosmogonie occidentale, telle
qu’elle se répétera en Europe , c'est-à-dire, à
Lourdes et à Fatima
Prochainement : Soulouque, un legacy controversePP