Dans la plaine des Cayes
La ferme MKB améliore la vie agricole à Pemerle.
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usque vers le milieu des années 70, l’économie
de Pemerle et des sections avoisinantes telles que Picot, Trouillat et même
Laborde, reposait sur la canne a sucre. Plus d’un siècle auparavant, le boom
sucrier était tel que dans leur correspondance, les entrepreneurs français s’écrivaient
les uns aux autres pour célébrer le succès de l’exploitation des champs de
canne. Plus tard, vers 1976, le tabac était en passe de supplanter le sucre. L’usine
sucrière de Simon avait cesse alors de fonctionner a plein temps.
Les familles agricoles se souvenaient néanmoins
du bon vieux temps. Imaginez le chant des hommes dans les champs, la cohue de
voix des femmes qui s’interpellaient et les bêtes de sommes se suivant pas à
pas le long d’étroits sentiers. Quant aux bœufs, ils se donnaient a cœur joie
dans les pâturages. Choses qu’on ne voit plus.
Prés de 40 ans plus tard, aux champs de
cannes se sont succédé les vivres : pois,
mais, arbres fruitiers. Ah l’éternelle querelle des vivres et des denrées !
Mais, les choses sont tenaces. Pendant que la révolution du téléphone
cellulaire bat son plein dans l’hinterland rural, de jeunes entrepreneurs
transforment en la modernisant la vie agricole.
Wesner Jean, aliasToutou, est un contremaitre, sympathique,
actif et entreprenant. « C’est le moteur de notre exploitation »,
nous dit Manno Bataille, l’un des deux actionnaires de la ferme MKB. Parlant tous
les jours a son directeur, Toutou, 40 ans, représente l’un des jeunes de cette
nouvelle génération appelée à s’attaquer au drame du monde rural.
Travaillant a titre de manager des
entreprises MKB, Toutou qui incarne ce dynamisme naissant du monde rural,
supervise le travail d’une quinzaine de travailleurs émargeant tous a un budget
de plus de plusieurs milliers de dollars US: ceux qui font la traite, ceux qui
s’occupent de plus de 400 manguiers dont la production est déjà retenue par les
exportateurs haïtiens de mangos franciques, enfin les travailleurs préposés a l’intendance,
autant de bras qui font tourner a souhait les entreprises MKB.
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« Je ne fais rien à l’aventure »
souligne a notre attention M. Manno Bataille.
Il continue pour nous dire que la production laitière elle aussi, a été payée
par l’Union Européenne » qui apporte une ration quotidienne de protéines a
des milliers d’enfants scolarises dans l’aire de Mersant et de Camp Perrin. «
En fait, nos vaches et nos chèvres recréent le monde rural de jadis, mais le
cheptel reçoit un meilleur traitement » poursuit le PDG M. Bataille qui nous remettait
une correspondance de son vétérinaire.
M. Renel François, un veterinaire forme
a l’ancienne école, connait non seulement la race de ses bovidés, mais également se soucie de les faire
vacciner et d’ajouter des vitamines dans leur ration. Une fois, il avait
identifie des cas de charbon et d’anthrax, d’où ses vaccins. Le cheptel développe-t-il
des verminoses ? Il sait à quoi s’en tenir. Il fait la même chose en cas d’anémie
et son arsenal antiinfectueux englobe les sulfas, la pénicilline et les tétracyclines.
M. François est un spécialiste de grande envergure.
On ne peut le nier quand cet homme
efface qui va de localités en localités, accomplit cette silencieuse tache de vétérinaire
dans le monde rural. Il faut le voir souligner et noter sur du papier ce qu’il
faut de légumineuses et de céréales a la bête comme il appelle ses quadripedes.
Il connait dans le détail ses bêtes et son dossier et prévoit même comment prévenir
la disette et le manque à gagner en cas de « mauvais temps ». Ce
sacre veterinaire, on ne le rencontre pas tous les jours.
La Ferme MKB est un modèle à reproduire.
A l’autre bout du monde, dans le
Massassuchetss, le bras droit de M. Bataille n’est autre que Yves Mie Fantal.
M. Fantal est de ces techniciens qui représentent le « power behind the
desk ».Lui, il voit plus loin.
« Penses –tu que MKB pourra un jour
ressusciter l’ambition de la beurrerie du Sud ? C’est la question qu’il
posa une fois à Globe Aventures comme on parlait un peu d’un aspect de MKB.
En attendant, MKB apporte un regain de
vie dans cette portion des habitations coloniales notamment à Pemerle, évoquant
la belle époque des Charlot Dennery. On voit encore non sans nostalgie ce qui
reste de sa grande propriété justement au carrefour Pemerle.