C’est un fait, l’économie haïtienne ne se limite plus à ces quatre facteurs du passé qui sont le café, la canne à sucre, le cacao et le campêche.
Les opportunités naturelles, les hasards de la géo-économie constitueront, à la grande surprise des observateurs, le miracle inévitable de cette Haïti qui, située sur ces routes internationales intercalées entre le golfe du Mexique, presque à mi-chemin entre le Canal de Panam et le Canal du vent, se trouve, par la force des choses, sur ces routes des économies asiatiques tout en la reliant à une nuit de bateau de la capitale économique du monde que sont encore les USA, d’un côté; de l’autre, c’est encore comme par miracle également que les îles adjacentes haïtiennes se sont inventées au fil du temps une vocation touristique, avec le pied à terre du célèbre capitaine Morgan à l’île à Vaches et à la Gonâve ou vers 1957, le candidat Clément jumelle voulait établir un port d’entreposage et de relais pour les avions se dirigeant en Amérique du Sud ou vers l’Amérique du Nord, avant l’ère des jets.
La guerre froide et les aléas de la politique haïtienne ont conduit le pays a une ère d’incertitudes qui, ajoutée au séisme, l’ont rendu encore plus vulnérable et plus dépendant. Toutefois, cette dépendance, elle aussi, ne parait plus irréversible, car; pour plusieurs raisons, Haïti semble émerger d’une si longue période de confusion et d’instabilité, que ,finalement, une ère d’optimisme pointe à l’horizon et conséquemment une tendance au renouvellement du tissu économique haïtien .
La Révolution muette
A cela, il y a plusieurs facteurs, entre autres, d’abord, la nouvelle donne de la théorie des avantages comparatifs et ensuite les grandes mutations survenues intramuros et extra muros.Au début du 21ème siècle, commençons-nous à apprendre, les pays du tiers monde ne sont plus ce qu’ils étaient. Comme si ces pays tenaient à prendre leur revanche, ils surgissent sur la scène mondiale avec ce qui pendant longtemps a fait leur force et leur originalité, à commencer par l’énergie et la qualité non nocive de leur agriculture. Il est convenu de nos jours d’étiqueter cette énergie sous le nom d’énergie renouvelable et cette agriculture sous l’appellation d’agriculture bio. Haïti a le double avantage d’occuper une position enviable dans cette catégorisation, même si chercheurs et observateurs continuent à associer la crise contemporaine à la crise agraire qui, non résolue au début du 20ème siècle, allait entraîner l’instabilité de la seconde moitié du même siècle. Vers 1911, le président Antoine Simon rêvait d’une société encore agraire, mais un siècle plus tard, sans se limiter à cette société un peu passéiste, le président Martelly entend donner la chance à l’entreprenariat associé également à une société de services et aux investissements susceptibles d’avoir des effets d’entrainement et des retombées pour le moins heureuses.
En mettant un peu plus d’emphase sur les potentialités des énergies renouvelables telles que l’énergie solaire, sa variante éolienne ou hydraulique, Haïti sera non seulement capable de réduire ses effets de serre pernicieux pour l’écosystème, mais encore sa dépendance par rapport aux produits pétroliers et le reste. Il ne tient qu’à nous à faire le premier pas particulièrement au regard de cette Allemagne qui occupe le peloton de tête en matière d’énergie renouvelable et également au moment où l’agriculture haïtienne, essentiellement bio, est à un tournant ou plus simplement amorce un second souffle,
Retour à la terre
Haiti, capitale mondiale du vetiver
Quoi qu’il en soit, pour tout dire, dans le cas d’Haïti et bien d’autres pays du Tiers monde, les grandes mutations de notre temps, les inquiétudes planétaires en matière de réchauffement climatique, le besoin de se mettre à un régime plus bio et de recourir a l’énergie alternative placent Haïti malgré tout au cœur d’une problématique humaine, comme si le destin de l’espèce passait finalement par celui de son environnement. Des considérations beaucoup plus prosaïques, elles aussi, redéfinissent le rôle du tiers monde dans les économies périphériques et lointaines. Le grand Nord a tout à gagner en délocalisant la production aussi bien dans le domaine du profit que dans celui de la protection de l’environnement. A mi-chemin des trois Amériques, aux portes du Brésil, au cœur d’une Caraïbe a vocation essentiellement touristique, Haïti ne veut et ne peut plus être la cendrillon de la fable. Le pays le plus polyglotte de la région (les Haïtiens parlent plus ou moins les grandes langues commerciales du monde), avec le terroir parmi les plus bios du monde, Haïti commence à se faire connaitre comme le champion mondial du vétiver, c’est-à-dire, la principale réserve des parfumeries du monde en termes de matières premières, selon ce que les médias disent de l’agronome Pierre Léger du Sud haïtien.
Le président haïtien Michel J. Martelly peut continuer à jouer le rôle de relations publiques planétaires pour son pays.