Les haitiens pensent que le coup de grace a l’economie traditionnelle est parti de Santo Domingo. C’est vrai que les produits des « haciendas dominicains »,envahissent sans compensation le marche haitien. Les œufs sont de mauvaise qualite, ripostent les consommateurs locaux. Mais, il n’y a rien qu’on puisse faire pour changer le cours des choses. Les chiffres d’affaires penchent en faveur de la republique voisine, rien qu’a considerer l’avalanche des agrumes et d’autres produits agro-industriels, installes de gre ou de force sur le marche haitien.
S’ajoute a ce tableau le role de la mode et de la musique. les jeunes de Gd Goave ont constitue leur group rap qui
correspond a Barricad Crew de Pt-au-P, une veritable armada . Dans les annees
60, le twist et le cha-cha-cha apportaient une touche etrangere a la danse
haitienne, plutôt rebelle pour ainsi dire a l’art classique, mais,la meringue,
le compas et la musique folkloriue dominaient le paysage artistique haitien.
Dans l’ensemble, la dependance au niveau de la consommation et dans une
certaine mesure de la musique est un fait patent. Ce qui n’est pas moins
evident au niveau des valeurs traditionnelles prorpement haitiennes.
Le domaine de l’education et de la
vie familiale reflete au centuple les bouleversements en cours en Haiti. C’est
la que la fin de la societe traditionelle est la plus marquante. Le francais
recule devant l’anglais a un rythme vertigineux. Le modele americain s’affirme
dans plusieurs domaines, a commencer par celui des affaires. Les garcons et les
filles maitrisent mieux l’anglais, note l’observateur. Ce changement se precise
aussi au niveau de la famille qui tend de plus en plus a etre nucleaire,
contrairement a la famille haitienne horizontale, c'est-à-dire elargie jusque
vers la fin des annees 70.
Memes bouleversements au niveau de
la consommation quotidienne et des services de sante. Le dollar est la monnaie
de change ideale. Les loyers, les services , les frais hoteliers, tout se regle
en us dollars. Les avions ambulance font le va et vient entre Haiti et la
‘Floride, et la note se paie egalement
en US dollars.
Cependant, il souffle apparemment sur ces fins de regne comme les signes du
renouveau et du remodelage de la societe traditionnelle. Le telephone
cellulaire consacre la fin de l’insularite
et l’insertion d’Haiti dans le monde .
La digicel irlandaise, le natcom vietnamien, sans mentionner la
partition haitienne de Haitel, de Voila, met fin a l’isolement historique
d’Haiti. Le monde rural est happe par la
vague du telephone cellulaire pour le meilleur et pour le pire, dira-t-on. Fini
le temps ou le tanbour et le lambi servaient a transmettre les nouvelles de
« colline en colline, de vallee en
vallee jusqu'à la ville voisine. »
La religion n’est pas non plus en reste. La foi catholique garde sa
ferveur, mais le catholiisme n’est plus la religion officielle ni de reference. L’islam pourrait
un jour lui demander des comptes, ce qui n’est pas souhaitable, compte tenu des
mini guerres de religions engagees entre le vodou animiste et le prolesytisme
reformiste pro americain. Soit dit en passant que la religion en plus de ses
vertus temporisatrices et d’opiacees devient de plus en plus un bric a brac
pour dire le moins. Un journaliste parlait une fois du « business de Dieu » ; de braves types en font leurs
choux gras sur Church Ave, Bklyn, NY et en Floride.
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es prophetes en mal de reussites materielles autant que les petites eglises
catholiques de la base ne sont pas arrives a pacifier Haiti. L’haitien des decennies 90 et 2000 s’est
deshumanise, manipule par une presse irresponsable et incendiaire, « la
grande deception du pays », notait un haut fonctionnaire public. Le pays
semble danser sur le volcan de Marie Chauvet, parce qu’au radicalisme des vieux
problemes, on a oppose des reponses radicales, et pour cause. Fini egalement la formule de bienvenue de la vieille societe « Honneur, Respect »
C’est le legs, est-on tente de dire, des decennies 70 & 80. La
banalisation de la vie devait y trouver son compte, car l’economie branlante ne
tient que sur les bequilles d’une economie souterraine, disons la drogue,
mais,qui a cesse d’etre souterraine.
En Haiti, c’est une monnaie d’echange ideale, tant la demande depasse l’offre.
En tout cas, dans la basse ville, le marche informel inclut la drogue dans le
panier des petites marchandes offrant des bouteilles d’eau et des pcchettes de
cigarettes. Les caids se prelassent dans les corridors, chausses de tennis
jordan,et entoures d’un harem dont la moyenne d’age ne depasse pas 25 ans. La
vie est excitante dans la penombre rehaussee d’une pale lueur de television.
Kidnappings et ranconnements se
negocient dans ces milieux
interlopes. Quelque chose qui n’est pas haitien se developpe et qui echappe a
Haiti.
Pourtant, pour les P.D.G. impatients de rivaliser avec des homologues bases
en ?Floride, l’export/import,les transactions aero –portuaires, la gestion
banquaire et la facture petroliere
reste un domaine plutôt sophistique et
quelque peu exclusiviste. C’est, malgre le vent neo-liberal, l’une des
chasse-gardees du pouvoir. Tout investissement etranger passe plus ou moins par
les douanes et les installations aeroportaires.
La politique a son mot a dire. C’est peut etre la que la diplomatie
d’affaires trouverait un champ d’action ideale.
Quoi qu'il en soit, pour une population a majorite rurale, l’Haiti agraire helas n’a plus sa place.