Duvalier a pratiqué, selon Alex Dominique du Souverain, la politique de l'hiver russe, ce qui voulait dire qu'il a attendu le lever du soleil, comme dans le roman carthaginois, puis a ordonnẻ l'assaut préparé par le colonel André Farrau qui n'aimait pas Pasquet. Avant 8H A.M. les jeux étaient faits. Pasquet qui rêvait d'être le Nasser des Antilles, aux dires du major Gérard Constant...ce 28 juillet 1958, n'allait en fait que répéter la tragédie grecque
Pages du manuscrit : Les Généraux m’ont dit de Frantz Bataille
Parti
pour l’étranger en même temps que son beau frère, Philippe Dominique , lequel,
selon le témoignage du futur général Gérard Constant montrait le 25 mai un fanatisme
de classe au delà de toute mesure, Alix Pasquet
fit les beaux soirs de Miami, alors le rendez vous des millionnaires
vieillissants, en ces années 60 se déroulant
sous le signe de l’incertitude propre aux GIs d’Ike Eisenhower rentrés de la
guerre. Les longs métrages en noir et blanc stimulèrent ce sens inné qu’il
avait de l’action. Couvant ses rêves de retour dans son pays natal, Alix
Pasquet paraissait s’ennuyer, dans cette Floride trop proche d’Haïti. Personne
ne semblait être au courant de ses projets. Lorsqu’il partit pour l’aventure,
il prit tout le monde par surprise. Mme Dato Théard n’en revenait pas, en cette
fin de juillet 1958. « Mais,
Pasquet était la avec nous », nota
Mme Théard ouvrant de grands yeux. Pourtant, les services secrets de
Duvalier avaient déjà quelques soupçons, en témoignent les dépêches du général
Flambert
A l’aube de ce 29 juillet 1958, c’est un officier qui
sut garder la tète froide, malgré le crépitement
de la mitraille. Le sang avait commencé à
couler déjà sur les plages de Délugé, aux premières
heures du jour. Le Lt Leveillé était
mort à la salle d’opération, malgré les
efforts du Dr Edner Ledan. Le sergent Abner Casseus et son chef de section
avaient fui à grandes enjambées. le Sgt
Casseus, un proche de Magloire, a bien
connu Pasquet. Arthur Payne avait été touché à la cuisse et saignait à
profusion. L’equipee d’été avait mal débuté.
Mais, Pasquet avait autant le sens du
commandement que celui de l’action. Les jambes croisées sur le bureau, il
passait des instructions en attendant peut être un Duvalier tremblant, arrivant
aux Casernes avec sa femme et ses enfants. Au contraire, c’est une réponse de
feu qu’il recevra . Son allié, Philippe Dominique, avait déjà été atteint.
Mais, c’est le propre de toute guerre, fût-elle
entre des allies de sang qui ne se connaissaient pas.
A
son arrivée aux Casernes Dessalines, bâties par
Cincinnatus Leconte, un grand oncle de la première dame, Mme Yolette L.
Magloire, Paquet qui connaissait les lieux et que la garnison connaissait
aussi, prit les choses en main. Il trouva un inoffensif caporal, Lavé, dont il
fera en cette matinée un officier. Quand, voyant la partie perdue, le Lt Lavé
voulut demander à Pasquet de renoncer à cette affaire en mettant bas les
armes, lavé faillit être a pris à coups
de pied. Pasquet était nerveux. Où sont les renforts ? un avion devait arriver de Miami avec des
troupes fraiches. Où sont les hommes que Arthur Payne, un ancien employé de la
Minoterie, était allé visiter et qui avaient promis de joindre le commando une
fois les hostilités ouvertes ?
Vraiment, on s’y perd.
Au
contraire, les alliés potentiels commençaient à vider les lieux. Un
colonel qui se trouvait aux casernes par hasard se jeta d’une fenêtre
et accourut en direction du champ de mars pour confirmer que le commando
n’était qu’une poignée d’individus, « des forbans internationaux » écrira
plus tard François Duvalier. Celui –ci ,
fort de l’appui du major Pierre Merceron, du général Maurice Flambert et du
ministre FredericDuvignaud, avait les
choses bien en main. Il avait confié ses enfants, notamment Jn C.Duvalier, âgé
de 7 ans et sa fille Simone aux soins du
capitaine Merceron. Jean C.Duvalier a rampé sur le ventre jusque du coté
du ministère de la Sante Publique où une voiture l’a conduit lui et sa sœur,
chez le capitaine.
L avé, le caporal promu officier, à l’aube du 29 juillet
s’était mis à l’abri à temps et s’était lui aussi jeté du haut d’une fenêtre.
Il atterrit sur ses parties intimes au milieu d’intenses douleurs et d’un tir
nourri. Le pauvre était la cible des attaquants venus de la rue
Monseigneur Guilloux. Il eut la vie sauve en criant « Pa tire, pa
tire » lorsqu’il fut reconnu de quelques soldats.
La
bataille faisait alors rage. Henri Namphy et son aide Jn B. Hilaire avaient éteint
le feu de couverture. Maintenant que les casernes étaient réduits au silence, les assaillants se sentirent le
courage d’avancer en tirant des coups de peu un peu partout. On commença à attaquer à la grenade. Pasquet
n’avait pas bougé. Il attendit la mort derrière son bureau, qui était son
headquarter. A un moment, il aperçut qu’une photo de F. Duvalier était
suspendue sur un mur de la salle. Il dégaina son revolver et le déchargea sur
son ennemi. Peu de temps après, passé cet accès de rage, le capitaine Pasquet
entendit venir la foule tirant des coups de feu sporadiques. C’est à ce moment
qu’une grenade lancée à bout portant l’atteignit à la tète.
Son
sang gicla alors jusqu’au plafond, éclaboussant la photographie
du président Duvalier, alors âgé de 51 ans à peine. L’été 1958 retrouvait comme
par hasard le sens du tragique. Que le sang de Pasquet puisse monter jusqu’au
plafond et retomber sur F.Duvalier impliquait un message. Le futur a des
surprises ; que sera sera, dit la chanson. Longtemps après, le sang de
Pasquet et celui de Duvalier allaient s’entremêler. L’avenir n’avait vraiment aucune vocation ni au nationalisme ni au
racisme. Laissons l’avenir venir, dit
encore la chanson.
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Apres la bataille