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Friday, September 7, 2012

LA QUESTION HAITIENNE - La fin de la societe traditionnelle



Les haitiens pensent que le coup de grace a l’economie traditionnelle est parti de Santo Domingo. C’est vrai que les produits des « haciendas dominicains »,envahissent sans compensation le marche haitien. Les œufs sont de mauvaise qualite, ripostent les consommateurs locaux. Mais, il n’y a rien qu’on puisse faire pour changer le cours des choses. Les chiffres d’affaires penchent en faveur de la republique voisine, rien qu’a considerer l’avalanche des  agrumes et d’autres  produits agro-industriels, installes de gre ou de force sur le  marche haitien. 
Haiti offre ainsi  le paradoxe d’un pays agricole incapable de s’affirmer dans son propre domaine. A Miami, capitale economique de l’Amerique centrale et latine, des entreprises specialisees dans l’envoi de comestibles en Haiti traduisent   tragiquement le manque a gagner haitien dans le domaine cerealier et autre. Riz, lait, pates, huile de table, etc tout y passe. La diaspora en tire une certaine fierte, mais au bout du compte, Haiti ne fait que s’enfoncer dans la dependance.
S’ajoute a ce tableau le role de la mode et de la musique. les jeunes  de Gd Goave ont constitue leur group rap qui correspond a Barricad Crew de Pt-au-P, une veritable armada . Dans les annees 60, le twist et le cha-cha-cha apportaient une touche etrangere a la danse haitienne, plutôt rebelle pour ainsi dire a l’art classique, mais,la meringue, le compas et la musique folkloriue dominaient le paysage artistique haitien. Dans l’ensemble, la dependance au niveau de la consommation et dans une certaine mesure de la musique est un fait patent. Ce qui n’est pas moins evident au niveau des valeurs traditionnelles prorpement haitiennes.

Le domaine de l’education  et de la vie familiale reflete au centuple les bouleversements en cours en Haiti. C’est la que la fin de la societe traditionelle est la plus marquante. Le francais recule devant l’anglais a un rythme vertigineux. Le modele americain s’affirme dans plusieurs domaines, a commencer par celui des affaires. Les garcons et les filles maitrisent mieux l’anglais, note l’observateur. Ce changement se precise aussi au niveau de la famille qui tend de plus en plus a etre nucleaire, contrairement a la famille haitienne horizontale, c'est-à-dire elargie jusque vers la fin des annees 70.  

Memes  bouleversements au niveau de la consommation quotidienne et des services de sante. Le dollar est la monnaie de change ideale. Les loyers, les services , les frais hoteliers, tout se regle en us dollars. Les avions ambulance font le va et vient entre Haiti et la ‘Floride, et la note se paie egalement  en US dollars.

Cependant, il souffle apparemment sur ces fins de regne comme les signes du renouveau et du remodelage de la societe traditionnelle. Le telephone cellulaire consacre la fin de l’insularite  et l’insertion d’Haiti dans le monde .  La digicel irlandaise, le natcom vietnamien, sans mentionner la partition haitienne de Haitel, de Voila, met fin a l’isolement historique d’Haiti.  Le monde rural est happe par la vague du telephone cellulaire pour le meilleur et pour le pire, dira-t-on. Fini le temps ou le tanbour et le lambi servaient a transmettre les nouvelles de «  colline en colline, de vallee en vallee jusqu'à la ville voisine. »

La religion n’est pas non plus en reste. La foi catholique garde sa ferveur, mais le catholiisme n’est plus la religion  officielle ni de reference. L’islam pourrait un jour lui demander des comptes, ce qui n’est pas souhaitable, compte tenu des mini guerres de religions engagees entre le vodou animiste et le prolesytisme reformiste pro americain. Soit dit en passant que la religion en plus de ses vertus temporisatrices et d’opiacees devient de plus en plus un bric a brac pour dire le moins. Un journaliste parlait une fois du «  business de Dieu » ; de braves types en font leurs choux gras sur Church Ave, Bklyn, NY et en Floride.

C
es prophetes en mal de reussites materielles autant que les petites eglises catholiques de la base ne sont pas arrives a pacifier Haiti.  L’haitien des decennies 90 et 2000 s’est deshumanise, manipule par une presse irresponsable et incendiaire, «  la grande deception du pays », notait un haut fonctionnaire public. Le pays semble danser sur le volcan de Marie Chauvet, parce qu’au radicalisme des vieux problemes, on a oppose des reponses radicales, et pour cause.  Fini egalement la formule de bienvenue  de la vieille societe  «  Honneur, Respect »

C’est le legs, est-on tente de dire, des decennies 70 & 80. La banalisation de la vie devait y trouver son compte, car l’economie branlante ne tient que sur les bequilles d’une economie souterraine, disons la drogue, mais,qui a cesse d’etre  souterraine. En Haiti, c’est une monnaie d’echange ideale, tant la demande depasse l’offre. En tout cas, dans la basse ville, le marche informel inclut la drogue dans le panier des petites marchandes offrant des bouteilles d’eau et des pcchettes de cigarettes. Les caids se prelassent dans les corridors, chausses de tennis jordan,et entoures d’un harem dont la moyenne d’age ne depasse pas 25 ans. La vie est excitante dans la penombre rehaussee d’une pale lueur de television. Kidnappings et ranconnements se  negocient  dans ces milieux interlopes. Quelque chose qui n’est pas haitien se developpe et qui echappe a Haiti.

Pourtant, pour les P.D.G. impatients de rivaliser avec des homologues bases en ?Floride, l’export/import,les transactions aero –portuaires, la gestion banquaire et la facture  petroliere reste  un domaine plutôt sophistique et quelque peu exclusiviste. C’est, malgre le vent neo-liberal, l’une des chasse-gardees du pouvoir. Tout investissement etranger passe plus ou moins par les douanes et les installations aeroportaires.
La politique a son mot a dire. C’est peut etre la que la diplomatie d’affaires trouverait un champ d’action ideale.

Quoi qu'il en soit, pour une population a majorite rurale, l’Haiti agraire  helas n’a plus sa place.

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