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Thursday, May 9, 2013

LES GENERAUX M'ONT DIT


HISTOIRE


LES GENERAUX M’ONT DIT

Par Frantz Bataille



A
ussi loin que je remonte dans le temps, mes souvenirs en ces années  50 déjà si volatiles embrassent comme dans une vaste et épique série ce spectacle infini des fins de semaine, ces week end si pétillants dans la magie du Bicentenaire d'Estime. Ceux qui ont connu cette époque, à commencer par le général Paul. E. Magloire se rappellent ces  soirées interminables  dans un Pt-au-Prince que le monde extérieur semblait impatient de découvrir. Ailleurs, la guerre était finie. Pour cette Haïti maudite, à compter de Magic Island de William Seabrook, le monde ne serait plus le même.

Le general Paul E. Magloire











Le chancelier Leon Laleau
L'occupation de 1915, dans l'esprit du public, passe pour avoir introduit Haïti dans la modernité. Les généraux du temps des Baïonnettes s'étaient retirés sur leurs terres, impuissants face au retour des blancs. Me  Georges Rigaud, enfant, se souvient d’un général emplumé qui était venu tout peureux  se faire payer son retour dans ses pénates, après avoir perquisitionné  quelques jours auparavant avec mesure la maison Rigaud. Un curé à la plume amusée selon Roger Gaillard, assiste à la mise à pied d’un commandant qui, hier encore, régentait le quotidien de ses sujets. Dans l’arrière pays de Miragoane, le général Bébé enfouait presque sous terre ses vêtements militaires, son bicorne ayant survécu au naufrage du temps. Personne n’a cru cet après midi du 28 juillet 1915 que les temps haïtiens avaient vécu.  Le capitaine George  Van Orden avait remonté l’allée qui mène à la capitale, ayant essuyé sans trop de danger les quelques rares coups de feu tirés contre les Blue jackets à la hauteur de Martissant. Rappelons que des guides haïtiens avait conduit jusqu'à la capitale les marines du vétéran du Nicaragua. Van Orden passait pour l’officier de confiance de l’amiral Caperton.

Le principal témoin de ce temps baïonnettes, le général Paul E. Magloire, homme du Nord, était le fils d’un  général à l’air bonhomme, partisan zélé de Tonton Nord. Paul E. Magloire a l’avantage d’avoir vécu, enfant, ce qui reste des temps héroïques avant de rentrer sous parapluie américain, dans la modernité de « l’American way of life ». C’est un militaire né, un peu nostalgique de ce paternalisme presque bucolique de la société très 1900 du grand nord en devenir. «  Quand on a eu des professeurs comme Louis Mercier, on ne peut pas ne pas aimer l’histoire », dira longtemps plus tard un général Magloire qui se souvient avoir été général. 1915 le surprit frayant déjà avec le gratin du Nord qui englobe des familles assises sur leurs propriétés en grand domanier. Les Sam, les Leconte, Les Auguste.c’est par ces familles que le Nord jure. Le féminisme était mort né, parce que sans liaison avec ces féodaux qui ne comprennent pas grand-chose aux idées de ce jeune et brillant esprit sorti de la Fossette, aux dires de Temesvar Delorme, le bras droit de Sylvain Sal nave.

Paul E. Magloire porte le prénom de son père. Presque la même chose pour Thrasybule Kebreau, le père de Antonio Th. Kebreau, le général de 1957 qui sauva la république d’une résurgence du salnavisme. Le père de Léon Laleau, le poète, porte lui aussi un prénom grec : Thrasybule Laleau. Le jeune Léon raconte : j’étais féministe bien que mon père fût ministre de Nord Alexis. La dissidence était dans les familles. C’est un élément diviseur. Mais, quand L. Laleau, tenté par la vie publique, fait ses premières armes, un président à l’intelligence fertile, lui enseigne indirectement comment se moquer des choses et des êtres en Haïti. A son départ du pouvoir, Louis Borno  observe comment les filles Mangonès jouent déjà les folles de la fable « ces hystériques se croient historiques » ; elles en voulaient à un Borno désarçonnè par les Americains on ne saura jamais  trop pourquoi.


ADIEU, SOLANGE

S
udre Dartiguenave   parti la queue sous le ventre, sans daigner vider le champagne des au revoir avec une société qui met son meilleur linge pour huer  le césar vaincu et célébrer son  vainqueur, Borno, lui aussi poète, a un port de tète très spécial que Antoine Bervin, un diplomate racé, prend plaisir à noter. Bervin et Rigaud trouveront tous les deux de la culture et de l’entregent à Paul Magloire. Ils précédent en cela Sténio Vincent qui recrute  déjà ses pions de l’autre côté de la barricade de couleur. Les enfants de Vincent s’appellent Estimé, Magloire  et Duvalier. Vincent a-t-il voulu désamorçer  cette bombe à retardement qui s’appelle l’heritage colonial ? Placide David, le père de Jean David, n’aurait pu choisir un titre plus éloquent. 

N’allons pas si vite. Estime a confié que la révolution qui viendra sera terrible. Il songeait peut être a Price Mars : La révolution se fera sans nous et contre nous ». Nous, c’étaient les lettrés, les pourvoyeurs de cadres, les diplomates et les professionnels impatients de trouver un modèle étranger plutôt que de rester à l’écoute de ce peuple encore extraordinaire. Nin Berejen, la dernière salnaviste, morte au Bel Air, on lui paie des funérailles grâce à une quête. C’était peut être en 1919. Un tirailleur de Geffrard, lui, conserve son vieux fusil comme relique et gloire de la deuxième moitie du 19 eme siècle haïtien qui ne jure que par les salons de Napoléon II.  Comme l’histoire s’accélère ! Villardhouin Leconte, le terrible ministre de Nord Alexis, ira jusqu'à bousculer son vieux président à la Jamaïque. L’exil a de ces débordements. C’est toujours l’autre, le coupable ! La défaite est orpheline. Que de grâces pour les âmes trop sensibles ! Nord Alexis n’était pas un sentimental à la différence d’un Magloire qui vers 1930 fait des adieux déchirants a Solange Latortue, sa belle des Gonaïves.

Alexandre Pétion dit que le progrès c’est le propre de l’avenir. Magloire a déjà 27 ans vars 1930, au début de la fièvre nationaliste qui fera de Vincent l’homme de la seconde indépendance. Entre 1930 et ce tournant qui fait bouillir un sang resté  dessalinien, la vie s’écoule, stable comme ces fleuves et cours d’eau d’un paysage immuable. A l’époque, le colonel Laraque n’en était plus à faire ses premières armes. Au Cap ou il trône, raconte le jeune officier destinè au généralat, Claude Raymond, les hauts grades à la sortie de la messe dominicale rendaient visite aux familles du Nord.

«  Laraque en imposait dans sa tunique or et blanc, quoique un officier  très peu brillant. » poursuit le général Raymond.  Le firminisme appartient a la nostalgie. Le Dr Reindhal Assad ,enfant,accroché aux jupes de sa mère entendait comme tonner les canons de 1902, jusqu’à Anse Rouge. «  la jeunesse était firministe » précise encore Léon Laleau, futur chancelier de Stenio Vincent, l’artisan  de la désoccupation, en 1934.



L'histoire  a aussi ses larmes.

c
e jour là, le dernier marine, serrant ses bottes, les larmes vinrent comme de source aux yeux du vainqueur et à  ceux du vaincu. Ce 15 aout 1934, en embarquant a bord de l’Argonaute, comme ils chantaient : Ti zuazo kote ou prale, les marines comprirent confusément que les armes étaient impuissantes à vaincre  la vie. C’est que , conclurent une fois de plus les observateurs, les Haïtiens étaient définitivement  guettés par un destin grec. César Simon, appelé à conduire  au volant  les Duvalier, père et fils, vit partir les derniers marines, un pincement au cœur.  Magloire avait sorti son épée. Démosthène P. Calixte à qui les Américains trouvaient  les plus belles mains du monde reçut l’onction du commandement. Vogel, le chef américain, n’avait plus rien à faire en Haïti.


« Ce fut le délire, » se rappelle le ministre des affaires étrangères, Léon Laleau, tant les haïtiens versèrent des larmes ce jour la. Naturellement, le beau monde d’abord et ensuite les gens du peuple que ceux d l’élite étreignaient dans leurs bras. Oh ’âme haïtienne, oh âme noire ! Les observateurs n’en croyaient pas leurs yeux ; les distances avaient disparu happées par le sentiment qu’il n’y avait qu’un être humain dans la race des hommes.

Ce fut  une journée d’apothéose. Les bataillons et régiments rutilaient dans leurs uniformes. Le major Durcé Armand avait-il fait avancer ses chevaux ?  Armand, Démosthène Calixte, n’en étaient pas encore  à ces  rivalités epidermiques, qui 3 ans plus tard allaient rompre la fragile unité de la Garde d Haïti.  Ce jour la donc, alors que les canons tonnaient du Fort National jusqu’au Cap a fous, dans la Gde Anse, un obscur observateur de 27 ans, notait que les dames se mouvaient avec élégance, parées des dernieres modes de Paris. Assis au Champ de Mars, seul et un peu triste, cet observateur s’appelait : François Duvalier.

le colonel Roger Villedrouin
F.Duvalier était content de voir s’en aller les marines. Il avait enlevé le salut à un voisin qui lui avait fait part de son désir de s’enrôler dans ce corps contrôlé alors par les americaisn.  Un an s’était écoulé, et le voisin n’avait pas renoncé  à son projet. Le jeune médecin passa finalement outre ; son ami s’enrôla et avait pour nom : Gracia Jacques.

Gracia obéissait aux ordres et contre-ordre d’un officier haïtien à l’air germanique, très blanc de peau. Le caporal Jacques  dira  avoir connu César Simon, le futur chauffeur de Papa Doc.  Selon Simon, G.jacques, s’enrôla, quitta les rangs et y revint, contrairement au colonel  Roger.Villedrouin qui était selon  la sœur du président Vincent, Resia, l’ornement du palais. R Villedrouin était tout comme Laveaux de Jérémie. Les historiens prétendirent que l’erreur des américains au départ, c’était d’avoir pavé la voie au racisme et au nationalisme. Villedrouin n’avait point de complexe, affirment  cependant ses contemporains.

A suivre

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