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Tuesday, October 1, 2013

LA PAGE de Frantz Bataille : Ce monde dans lequel j'ai vecu...



Entre L'histoire et La Mer.

 C'est entre ces deux  mondes que mon enfance s'écoula, hantée par une fragilité qui était a la limite du dénuement. Ma mère qui vivait alors ses années solaires ne sut point comment sacrifier aux dieux de la prospérité parce qu'elle était restée renfermée dans son passé de fille du pays profond. Mon frère Pierre  et moi, nous vivions dans ce monde, heureux  déjà que nous puissions  rêver  a ce qu’il pouvait avoir de permanent dans le bonheur.



Autour de nous, les ruines du 19 eme siècle disaient que le quartier n’était pas si pauvre qu’on le croyait. Les murailles envahies par une végétation ingrate se renfermaient sur quel passé, je ne saurais le dire. Mais, tandis que la pauvreté ambiante annonçait déjà l’exclusivisme si fort dans notre société, je me refugiais dans la contemplation de ces gloires défuntes. J’ai su par la suite que le général Pétion n’habitait pas trop loin et qu’il fréquentait la loge des Cœurs Unis et le Grand Orient. Les traditions surtout orales n’avaient point retenu ces époques lointaines. Je me contentais en revanche  de ce silence épais  qui envahissait les grands espaces abandonnés des loges maçonniques. C’était  une sorte de consolation. A part les danses vodou périodiques, il n’y avait pas grand-chose pour faire de mon enfance une enfance heureuse. Pourtant, j’étais heureux.

Non loin, passe l'édifice des Frères du Bicentenaire, la mer s'étendait si immense que j'ai commence tres jeune a me demander ce qu'il y avait au delà.  Un ciel bleu, des navires qui disparaissaient à l’horizon, ces images réveillaient dans mon quartier pauvre des désirs d’évasion vers ces terres lointaines dont parlent les géographes et leurs manuels colores. Chez les Frères déjà, tout ce qu’il y avait autour de nous, les maitres, les réfectoires, l’odeur qui s’en dégageait a l’heure des repas, tout parlait d’un monde contraire et qui n’avait rien à voir avec mon milieu. A l’école, donc, j’en avais pour mon compte avec mon appétit d’évasion. Les rêves commençaient à suppléer à mon environnement. Pourtant, devenu grand, en terminale du primaire, j’ai compris que ces quêtes de l'ailleurs  n’avaient pas toujours ces resplendissements que l’on croyait. Les tambours faisaient notre honte, mais elles charriaient comme un torrent une puissance de vie!

Ces chevaux du Montana, US  ressemblaient aux miens, sauf qu’ils étaient mieux nourris et plus forts. Mon ciel était bleu, et mes gens à moi, même dans le dénuement conservaient une humanité qui me paraitra plus tard bien consolante. Maintenant qu’ils sont tous partis sous les terres humides du matin, le regret devient désormais la rançon à payer à  l’ingratitude et a l’indifférence. Je n’ose plus parler de la richesse des pauvres, ce serait une insulte à la misère et à la détresse physique. Toutefois,  il y aura toujours quelque chose de plus grand que nos comptes en banque et nos conforts fragiles. Son nom n’est autre que le temps qu’il faut prendre pour se retrouver dans ce qui semble si loin de nous.

 Contre mes fragilités et mon dénuement, l’histoire m’était devenue comme un refuge égal a tous les mirages de l’avenir. Je tentais de comprendre sous la poussière des siècles  ce  que le passé pouvait receler  de richesse et de beauté.



                               













 ( A suivre)









          




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