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Wednesday, January 29, 2014

LA QUESTION HAITIENNE: : QUO VADIS,HAITI?

Quo Vadis Haïti ?
par  Docteur Frantz Bataille




Est-il vrai que dans le cas d’Haïti l’essentiel reste à faire ?

Je suis de cet avis.

Pourtant c’est loin d’être l’opinion d’une bonne partie de l’élite pensante, maintenant que le branle est donné dans les affaires et  dans la politique dont le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle est une politique de réaménagement du territoire. Il faudrait tout de suite ajouter qu’en changeant le cadre physique il s’ensuivra ce que l’on pourrait bien appeler cette dilatation de l’imagination ou pout tout dire cette sorte de réveil des consciences, telle que l’ère des conquérants au 16 ème siècle nous en offre l’exemple. Les plus optimistes ajouteraient qu’Haïti est en train de sortir de son marasme et de son isolement. Depuis 1994 et le séisme de 2012, le pays semble être parvenu dans une ère nouvelle. Le futur devient des plus effervescents comme si à cette fièvre de la découverte  s’ajoutait également comme une fièvre haïtienne.

La question de toujours « Quo Vadis, Haïti », qu’une carte postale anonyme  se posait une fois  semble même n’être plus de mise. Pour le meilleur et pour le pire, la modernité s’installe chez nous. L’internet et le culte du téléphone cellulaire donne bien la mesure de cette  rentrée d’Haïti dans les grands circuits internationaux. En 1965, l’atterrissage d’un jet a l’aéroport de Mais Gâté n’avait pas a ce point réveillé les consciences. Mais, dans la première décennie de  l’an 2000, cette Haïti encore en grande partie rurale  se meurt à petit feu. Aucune différence entre les gamins de Lisbonne ou de Rio et ceux de  Pt Salut, en matière de communication. Même si le PNB continue encore à mesurer les niveaux de vie, dans le domaine de la communication, l’accélération tend à l’uniformisation de notre planète. Bill Gates notait dans une communication à Harvard que cette planète se rétrécissait et devenait même trop étroite.

Haïti se trouve donc engagée comme sur la route des conquérants curieux de savoir ce qui se cachait derrière les océans. L’ile  à Vaches dans le Sud émerge comme du fond des mers Caraïbes avec ses trésors  et ses secrets. L’ile de la Tortue invite à retrouver ces bassins ensevelis où Pauline Bonaparte sortait de son bain. Pour la première fois, dans son histoire, Haïti se trouve inscrite sur la carte des destinations cosmopolites. A la suite du séisme, on disait comme dans le cas du Portugal ou de la Californie, qu’Haïti pourrait faire l’objet d’un  capitalisme perçu alors comme une sorte de : destructive création ».

                                      Adieu foulards, adieu madras, est-on alors tenté de répéter comme  au temps  des derniers tangos de Paris. Qu’après tant de souffrances Haïti puisse renaitre la modernité, quoi de plus enviable ! Cependant, le printemps n’est pas si rose qu’on le croit. Sans prétendre jouer les Cassandre, il y a derrière la magie de notre époque des zones d’ombre qui pourraient bien annoncer la fatalité si redoutée mais hélas toujours possible.

La portoricanisation reste  toujours une échéance probable, laquelle ne ferait que signer l’échec des élites. La privatisation qui parait inévitable ne ferait l’affaire que d’une certaine mafia, trop heureuse de chanter cette ère de libertés qui au fond menacent  la liberté. A quoi sert en fin de compte l’état quand les marchands se mêlent de faire une histoire  qu’ils ignorent ? Non pas que la libre entreprise ne soit dans une certaine mesure ce panacée qui libère le génie. Cependant, de quoi demain sera-t-il fait quand, la production réduite à néant, on est sur le point  de ne tenir que grâce aux miettes de ce festin de sourds, indifférents à toute haitianité ?

A la fin des années 80, un journaliste américain de passage en Haïti notait déjà que ce pays était en train d’agoniser rien qu’à lire sur les pancartes publicitaires ce qu’on considérait déjà comme la macdonalisation d’Haïti. Les choses ont empiré depuis. L’âme haïtienne  n’existe que dans la nostalgie.  Les vendeurs d’illusions de gauche ou de droite qui croyaient qu’Haïti avait encore un rôle à jouer semblent se raviser. Le destin d’Haïti ne nous réserve en fait que le sort d’être phagocyté par la grande Amérique et la communauté internationale. C’est vers une telle étape que se dirige la presente génération.

Pourtant, pour ceux qui connaissent bien cette Haïti qui n’a tenu que par le pouvoir de l’illusion, la déroute est loin d’être le dernier rendez vous d’un peuple qui sut confondre et dérouter l’adversaire. Que ce soit en religion ou en politique,  Haïti est capable encore de sursauts les uns aussi inattendus  que les autres. Ce n’est pas la première fois qu’on invente un destin pour Haïti, mais ce n’est pas non plus la première fois qu’Haïti  réinvente son propre destin.

C’est sans doute là que se prépare  la bataille d’Haïti.


PUERTO RICO

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