De la crise haitienne.
frantz bataille
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l est intéressant de
noter ce qui se dessine de nos jours et qui contient en filigrane le profil
futur de la république d’Haïti.
Force est de constater
que la paix est encore précaire et la sécurité balbutiante, mais aujourd’hui
est mieux que hier, malgré les trompettes de l’opposition criant le contraire a
hue et a dia. Les hostilités mettent encore aux prises les différents groupes
qui animent la vie politique et parlementaire. On ne sait pas trop bien qui mène
la danse au parlement, ni s’il vaut la peine qu’on s’en remette a ces cavaliers des écuries d’Augias ;
mais dans l’opinion, il y a un immense
besoin de détente, ce qui au départ affaiblit au risque de les perdre les
partis de sensibilité pro lavalassienne. On observe également une perte
d’influence des groupes tels que OPL et d’autres formations nées de la mouvance
d’âpres 1986. On en a assez de la violence rampante.
Le facteur international
ou pour mieux dire le jeu des puissances dites amies ne cesse d’être obscur. Il
est évident que a vouloir imposer leurs vues ou leur modèle, ces puissances ont
piteusement échoue. Mais, une politique qu’on pourrait étiqueter :la politique
de la bonne conscience empêche ces partenaires de faire leur mea culpa. Il est
hors de doute que l’orientation que ces partenaires veulent imprimer a la vie
nationale annonce une crise qui englobera un immense besoin d’identité, parce
que Haïti a tout essaye, sauf le choix d’être elle même. Les années 60 trainent
un fort relent de nostalgie, teintées des dernières lueurs d’une époque qui fut
épique ; malgré la guerre froide et les heurts sociaux, les Haïtiens
avaient le sentiment de vivre dans un pays qui était leur. Ce qui était déjà
l’essentiel alors que nous vivons maintenant a l’heure des faux semblants et du
frelate, et qui pis est, comme des citoyens de seconde zone qui rappellent étrangement
« ces parents pauvres que l’on reçoit a l’arrière cour", dont parle François
Duvalier dans son message de mai 1957: Ils sont devenus fous…
C’est finalement une
question de modèle. F. Duvalier disait que la démocratie devait répondre a nos mœurs
et a nos traditions. Il ne s’était pas trompe. Les sociétés d’outre mer ont
bascule dans le nationalisme type latino américain ou ethnique comme dans les
Balkans. Le monde arabe oscille entre le passé des califats et le modèle occidental,
d’ou une crise qui se veut politico religieuse. Le monde se globalise et se rétrécit,
mais un monde unipolaire ou de la pensée unique n’en est pas moins trompeur et illusoire.
Haïti va rentrer dans une ère de crise
psychologique qui tendra a réconcilier le passé et la modernité. Les
nostalgiques d’avant 1946 appartiennent a un monde irrémédiablement révolu.
Nous redoutons que, sur une telle toile
de fond, les groupes rivaux et les antagonismes historiques ne débouchent sur
un clash qui aura des causes multiples, vu la fragmentation et la fracture socio-économique.
Il faut s’y attendre. Mais, un danger commun qui pourrait motiver un renouveau
patriotique s’annonce avec le rôle que l’étranger s’apprête a jouer dans le
remodelage économique d’Haïti. La portoricanisation s’annonce. On n’a qu’a se référer
au document de Rome, hélas très peu connu.
Haïti peut –elle
incarner un exemple autre que celui a lui impose par la presse internationale? Haïti,
le pays le plus pauvre du monde, mais aussi un pays guette par un destin grec. Haïti,
malgré tout ce qu’on dit d’elle, va se réveiller sur un rêve plus grand que la
vie. De ces 50 dernières années seule la pensée de F. Duvalier peut apporter encore de nouvelles
raisons de croire et d’espérer, dirait Gérard de Catalogne.
La crise haïtienne est
en somme une crise de société. Cette société est en train de changer pour le
meilleur et non pas pour le pire. Les classes moyennes se sont recyclées en Amérique,
d’ou cette américanisation a outrance qui scelle la mort du modèle français. Haïti
, mieux connue depuis le 12 janvier 2010, attire pour ainsi dire le monde.
L’Afrique a de qui et de quoi se réclamer, vu le rôle historique d’Haïti, un
coin de terre sans importance, mais riche par son humanisme et sa vision de la
vie. Et pour tout dire, l’économie est en train de changer pour le tertiaire,
c’est la fin d’un certain pays en dehors.
La bataille d’Haïti va commencer
2013....Fevrier2014
Frantz Bataille