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lassé parmi les meilleurs
succès du cinéma haïtien, le Miracle de la Foi du metteur en scene Jean G. Bien Aime dresse l'un contre
l'autre les confessions religieuses dites chrétiennes et l'animisme africain,
plus précisément le vaudou haïtien. Avec en toile de fond une histoire d'amour
qui réunit les classes moyennes aisées, ce long métrage qui dissimule mal la
profondeur de la tragédie et de la crise morale haïtienne laisse à peine
paraitre non seulement ` le fossé qui sépare ces classes, mais encore l’ignorance dans laquelle elles vivent, incapables de construire leur avenir, parce que occupées tout
simplement à relever le défi du quotidien et celui des apparences.
Pour un film ambigu, c'en
est un. Ambigüité entre les couches sociales enfermées dans une réalité
culturelle aux contrastes brutaux. Ambigüité aussi dans le vécu quotidien. Les élites
sont finalement des élus ayant échappe aux malédictions conjoncturelles liées a
la naissance et au savoir. Les couches défavorisées enfoncées dans le mal n'ont
aucune chance même dans le choix de leur foi et de leur dieu.Il y a de ce coté- là une caricature du vaudou associé au mal et aux
superstitions enracinées dans leur passé comme dans le futur. Melissa part non
pas en pèlerinage mais en mission, une mission digne des pécheurs d'hommes et
de St Pierre. Tout ce qui ne répond pas au dogme monothéiste est voué au feu et
au bannissement. On sent
ici que rien n'est innocent même dans la mise en scène. Les dieux se
battent comme dans le choc des civilisations. C'en est trop pour la petite Haïti.
Le racisme n'est pas loin; les anges sont blancs, les saints et également les divinités
intervenant dans le quotidien chaque fois qu'il faut intervenir au nom du
bien et des vies à sauver.
Cette campagne de rejetés
qui ne dit pas son nom a des allures réactionnaires ; Haïti est devenue
par la force des choses un terreau où tout pousse non seulement la drogue, mais
aussi les petites églises telles qu’on en rencontre à Miami et à Brooklyn sur
Nostrand Ave. Il y a une intelligente tentative de prôner la tolérance, mais
Solange aussi, avec une foi de néophyte, s’en prend aux dieux qu’elle a jadis vénérés. Une machette remplace une autre machette ;cela
sent le Rwanda, mais pour d’autres raisons. On peut se demander si Haïti
retrouvera un jour son sourire.
Le metteur en scène a su
faire l’économie du suspense, mais cette histoire d’amour n’est pas arrivée pas à exorciser cette peur des prosélytismes chrétiens
encore à leurs débuts dans cette Haïti ou l’islam est en train de faire ses premières
armes.
Le Miracle de la Foi reste
le film de l’angoisse haïtienne.
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