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Thursday, December 26, 2013

LA BATAILLE D'HAITI: SATAN, MON AMOUR


C

lassé parmi les meilleurs  succès  du cinéma haïtien, le Miracle de la Foi du metteur en scene Jean G. Bien Aime  dresse l'un contre l'autre les confessions religieuses dites chrétiennes et l'animisme africain, plus précisément le vaudou haïtien. Avec en toile de fond une histoire d'amour qui réunit les classes moyennes aisées, ce long métrage qui dissimule mal la profondeur de la tragédie et de la crise morale haïtienne laisse à peine paraitre non seulement ` le fossé qui sépare ces classes, mais encore l’ignorance dans laquelle elles vivent, incapables de construire leur avenir, parce que occupées tout simplement à relever le défi du quotidien et celui des apparences. 


Pour un film ambigu, c'en est un. Ambigüité entre les couches sociales enfermées dans une réalité culturelle aux contrastes brutaux. Ambigüité aussi dans le vécu quotidien. Les élites sont finalement des élus ayant échappe aux malédictions conjoncturelles liées a la naissance et au savoir. Les couches défavorisées enfoncées dans le mal n'ont aucune chance même dans le choix de leur foi et de leur dieu.Il y a de ce coté- là une caricature du vaudou associé au mal et aux superstitions enracinées dans leur passé comme dans le futur. Melissa part non pas en pèlerinage mais en mission, une mission digne des pécheurs d'hommes et de St Pierre. Tout ce qui ne répond pas au dogme monothéiste est voué au feu et au bannissement.  On sent ici  que rien n'est innocent même dans la mise en scène. Les dieux se battent comme dans le choc des civilisations. C'en est trop pour la petite Haïti. Le racisme n'est pas loin; les anges sont blancs, les saints et également les divinités intervenant dans le quotidien  chaque fois qu'il faut intervenir au nom du bien et des vies à sauver.

Cette campagne de rejetés qui ne dit pas son nom a des allures réactionnaires ; Haïti est devenue par la force des choses un terreau où tout pousse non seulement la drogue, mais aussi les petites églises telles qu’on en rencontre à Miami et à Brooklyn sur Nostrand Ave. Il y a une intelligente tentative de prôner la tolérance, mais Solange aussi, avec une foi de néophyte, s’en prend aux dieux qu’elle a jadis vénérés.  Une machette remplace une autre machette ;cela sent le Rwanda, mais pour d’autres raisons. On peut se demander si Haïti retrouvera un jour son sourire.

Le metteur en scène a su faire l’économie du suspense, mais cette histoire d’amour n’est pas arrivée  pas à exorciser cette peur des prosélytismes chrétiens encore à leurs débuts dans cette Haïti ou l’islam est en train de faire ses premières armes.


Le Miracle de la Foi reste le film de l’angoisse haïtienne.



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