Paris,
Prison de la Sante 9 mars 1942
Maman,
Papa chéris,
ous saurez la
terrible nouvelle déjà, quand vous recevrez ma lettre. Je meurs avec courage. Je
ne tremble pas devant la mort. Ce que j’ai fait, je ne le regrette pas sic cela
a pu servir mon pays et la liberte !
Je regrette
profondement de quitter la vie car je me sentais capable d’etre utile. Toute ma
volonte a été tendue pour assurer un monde meilleur. J’ai compris combien la
structure sociale actuelle est monstrueusement injuste. J’ai compris que la liberte
de vivre, ce que l’on pense, n’est qu’un mot et j’ai voulu que ca change. C’est
pourquoi je meurs pour la cause du socialisme.
J’ai la
certitude que le monde de demain sera meilleur, plus juste, que les humbles et les petits auront le droit de vire
plus dignement plus humainement. Je garde la certitude que le monde capitaliste
sera ecrase. Que l’ignoble exploitation cessera. Pour cette cause sacrée, il
m’est moins dur de donner ma vie.
Je suis sur que
vous me comprendre, papa et Maman chéris, que vous ne me blâmez pas. Soyez
forts et courageux. Vous me sentirez revivre sans l’œuvre dont j’ai été l’un
des pionniers.
Mon cœur est plein de tendresse pour
vous. Il déborde d’amour, je vois toutes les phases de cette enfance si douce
j’ai passe entre vous deux. Entre vous trois car je n’oublie pas ma DEDE chérie.
Tout mon passe me revient en une flotte
d’images. Je revois la vieille maison de Jacmel. Le petit lycée, les leçons de latin
et M. Gousse ma pensions au séminaire et le retour des vacances, mon vie Coucoute
que j’aurais voulu guider a travers la vie et mon petit Gerald.
Je pense a vous de toute ma puissance,
jusqu’au bout, je vous regarderai. Je pleure ma jeunesse, je ne pleure pas ma jeunesse,
je ne pleure pas mes amis. Je regrette aussi mes chères études, j’aurais voulu
consacrer ma vie à la science.
Que Coucoute continue a bien travailler,
qu’il se dise que la plus belle choses
qu’un homme puisse faire dans sa vie, c’est
d’être utile à quelque chose. Que sa vie ne soit pas égoïste, qu’il la donne a
ses semblables quelle que soit leur race, quelle s que soit leurs opinions. S’il
à la vocation des sciences qu’il continue l’œuvre que j’avais commence d’entreprendre,
qu’il s’intéresse à la physique et aux immortelles théories d’Einstein, dont il
comprendra plus tard l’immense portée philosophique. Que mon petit Gerald, lui
aussi, travaille bien et arrive à quelque chose. Qu’il soit toujours un homme.
Maman chérie, je t’aime comme jamais je
ne t’ai aimée. Je sens maintenant tout le prix de l’œuvre que tu as entrepris
en Haïti continue d’éduquer ces pauvres petits Haïtiens. Donner de l’instruction
ses semblables est la plus noble des choses. ! Papa chéri, toi qui es un môme
et un homme fort console, Maman, sois toujours bon pour elle en souvenir de
moi. Maman Dédé chérie, tu as la même place dans mon cœur que maman. Tous, viveż en paix et penseż bien a moi. Je vous embrasse tous bien fort comme je vous
aime. Tout ce que j’ai comme puissance d’amour en moi passe en vous. Papa sois
fort. Maman, je te supplie d’etre courageuse. Maman Dédé, toi aussi. Mon vieux
Coucoute et mon vieux Gerald, je vous embrasse bien, bien fort. Il faut aussi
embrasser maman Tata bien fort. Pense à moi !
Votre petit Toto.
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