globeadventureshorizons


Monday, December 31, 2012


GLOBAL QUESTION


ENTREPRENEURS & ENTERPRISES


 EVEN A DROP OF WATER GOES TO THE SEA

C
lose to the Miami Museum, Down Town,
 
at lunch time, when  office people are eager to step out and relax, a 45-year old man, who look likes poor -as poverty is  not uncommon in the surroundings- used to sit quietly, with a sunny face and a few dreads.  Busying himself by watching passersby, Toni is a kind of guy who is pleased to make a living by doing what he is   fond of.   A native of Waikiki, a Hawaii Island, Toni doesn’t really want to sell, but writes in Spanish: Lo que Ud desear dar,  as a small table displays his creations.

Sounding humble and  merciful, these words attract and make people pay attention to Toni and his business. Making artifacts with leaves  and palms , Toni continues to answer questions even when he is given  a few  dollars for his sales.  One last Friday, Toni delights at talking about his dreams.

“I hope, one day, to have a boat and  go to the high seas to sale my products’. Those consist of birds, cross, insects, boats, and  other gadgets…-Tony is not a sailor, but an artist, according to what he is doing-  However, Toni who lives nearby sticks to his project, which is no longer a dream. He wants to anchor everywhere with his boats and brings a message of peace and love with his creations. Apparently, they seem a waste of time, but artists always have another dimension of time.

 Small dreams always feed big projects.

At parting Toni continues shyly  to radiate peace and passion for his far away  sailing goal.






Thursday, December 27, 2012

Wednesday, December 26, 2012

LA QH RESTES D'EMPIRE par Frantz Bataille


A
 son retour d’exil, le vieil empereur ne trouva pas que  des ruines dans son Pt Goave natal. Qu’avait –il rapporté de la  Jamaïque où il a vécu jusqu’au départ de son ennemi et successeur Fabre Geffrard, vers 1867. Jusqu’au 20 eme siècle prochain, la Jamaïque sera le tombeau du pouvoir haïtien, estiment nos voisins. Geffrard lui-même et  plus tard, Nord Alexis iront chercher refuge chez eux. Par la suite , Antoine Simon, en bon agriculteur, y  ouvrira même une ferme, attaché qu’il était au bucolisme des Coteaux où il naquit vers 1842. Soulouque lui-même n’a fait que suivre la voie de sortie empruntée par Jn P. Boyer qui vit mourir sa maitresse Joute de phtisie pulmonaire. La Jamaïque est-elle le rendez vous des fins de règne en Haïti ? pensez -y Magloire, Estime, Marcaisse Prosper, Lataillade…

Rentré d’un exil un peu long, Faustin  Elie Soulouque laissera a la posterite  sa maison du centre ville de P. Goave ou il naquit en 1782. Dénommée le Relais de l’Empereur, cette construction était d’abord suffisamment en bon état avec une boiserie qui annonce déjà le  gingerbread de la fin du 19 eme siècle, pour abriter le léopard bébé d’Olivier Coquelin, figure connue  des milieux touristiques haïtiens dans les années 70.  Noir d’une belle stature et avec un physique qui annonce la stabilité et la patience, Soulouque ne manquait pas de goût. Les historiens se demanderont non sans ironie ce qu’il était allé hélas chercher  dans ce fief des clercs ; Faustin 1er  au pouvoir sut  néanmoins remplir son  son rôle avec dignité. C’est le moins qu’on puisse dire.

Sa descendance évoque encore avec un brin de nostalgie ce passé quand même lointain. L’argenterie impériale aurait été recueillie par les Cameau, et les Auguste de Petit Goave.  Dans sa jeunesse, une fille  Cameau, se rappelle les manières de cour des vieilles portant  en fin d’âpres midi, ces longues robes, sorte de grâce défunte d’un empire trop éphémère. On ne sait pas trop ce qu’il est advenu des coffres remplies que l’empereur emporta à la Jamaïque. Mais, protégé par le chef de la garde, le colonel Fabre Geffrard, la famille impériale se rendit sans histoire au port d’embarquement. Lysius F.Etienne Salomon n’eut pas non plus  à s’inquiéter,  même si, ce jour-la, Geffrard , duc de Tabara et Salomon, duc de St Louis du Sud se dévisageaient l’un et l’autre avec méfiance.

Contemporain de l’empereur, Fréderic Marcellin évoque cette fin de règne qui inspira au bon peuple sarcastique sa meringue de carnaval ;les décorations de la noblesse impériale trainèrent dans les rues de Pt-au-Prince. Peu de jours après, la république rétablie, ce qui resta de l’empire survécut dans les proverbes, a propos du grand chambellan de Delva.  Riche comme de  Delva, s’amusa ce bon peuple.  Longtemps après, une lettre de Soulouque à Geffrard exprima les états d’âme de l’empereur, manipulé et trahi par son homme de confiance dont il aurait fait la fortune. On prétend que l’impératrice Adelina Leveque, en faisant une plaisanterie au colonel Geffrard, l’aurait mis en garde contre ce qui se tramait contre lui. Sans perdre de temps, le chef de la garde du palais se rendit à cheval au Ft Sainclair, embarqua dans un voilier,  se rendit aux Gonaïves où il leva avec Aime Legros, l’étendard de la révolte.

Aujourd’hui, contraste étrange, la couronne de l’Empereur sert de garantie dans les coffres de la Banque nationale, tandis qu’une modeste tombe à Manegue, dans la région de l’Arcahaie, abrite les restes de la mère de l’impératrice.  Mais, moins exacte, au  fil des années, l’histoire devait se confondre avec la légende. L’habitation du bonhomme Coachi servirait  de haut lieu spirituel  et de  panthéon vodou aux dieux lares des Soulouque.  En revanche, les liens du sang étant ce qu’ils sont, jusque dans l’arrière pays d’Aquin à la Colline par exemple, on rencontre de lointains descendants qui gardent quelques traits physiques de la noblesse  soulouquoise. D’autres   vivraient, méconnus, happés par la misère et la pauvreté, dans les classes défavorisées, note un directeur d’opinion. A l’échelle internationale, le consul français, Maxime Raybaud, sous le pseudonyme de Gustave d’Allaux, a fait une image tres caricaturale de l’empire de Faustin Soulouque. «  Souriez, Messieurs, commandait le chef du protocole, a l’arrivee de l’empereur, ironisait  d’Allaux. De telles observations donnèrent naissance au terme  soulouqueries dans les salons de Paris, sous le second empire. Mais, plus prés de la vie  et des traditions nationales,  l’apparition de la vierge, vers 1849, à Saut d’Eau, dans le Plateau Central devait consacrer ces chutes de la rivière La Terme, qui sous le signe d’un syncrétisme afro-latin, scellent  pour toujours  l’interpénétration entre le vodou haïtien et le culte catholique.  Soulouque, simple et resté attaché à ses croyances, ne sut pas trop bien exploiter cette manifestation de la   cosmogonie  occidentale, telle qu’elle se répétera en Europe , c'est-à-dire, à  Lourdes et à Fatima

Prochainement : Soulouque, un legacy controversePP

Sunday, December 2, 2012

La QH - La Derniere Imperatrice... Nahomy Soulouque


 LA QUESTION HAITIENNE



O
n n'en croyait pas ses yeux.

Soulouque, le vieux chef qui endurait les railleries du président Jean  Pierre  Boyer, mais si inoffensif aux yeux de Joute Lachennais, cette française qui meubla le lit de deux de nos hommes d'état,  revit dans une jeune femme qui n'a pas trente ans.  A plus de cent cinquante ans  de la chute de l'empeur, Nahomy Soulouque, prolonge pour ainsi dire la tradition impériale haïtienne. Les reines et les princesses  ne se rencontrent pas seulement au château, dit quelque part la chanson.

Quand nous l'avions rencontrée dans un quartier d'Orlando, Mlle Soulouque ne savait pas grand chose de l'empire. Elle ne savait pas non plus que l'histoire, quoique caricaturale, conservait des restes de grandeur presque épique. Né esclave, et affranchi par André Rigaud, le chef mulâtre de la péninsule du Sud, Faustin Soulouque serait comme la masse anonyme tombé dans la poubelle de l'histoire. Mais, depuis l'Eneide, Virgile avait note que les destins trouvent toujours leurs voies. Elevé a la présidence de manière presque accidentelle, Soulouque promena nos couleurs dans les villes de Neyba et de Jimani, inquiet qu'il était de l'existence d'une cinquième colonne couvant à l'Est, la où mouillèrent en février 1802  avant de se diriger sur le Cap, les navires de la flotte de Leclerc.

Mlle Soulouque savait encore moins   que la ville de Petit Goave depuis longtemps versée dans un culte presque muet de l'empire de Faustin 1er n'a jamais su exploiter même d'un point de vue touristique ce qui reste de cette époque qui a coïncidé avec le second empire français de Napoléon II. Le Relais de l'empereur à la Grand rue a hébergé Faustin Soulouque et sa famille. Un stèle élevée non loin de Ti Guinée se dresse marqué aux armes impériales. N.Soulouque n'a peut être jamais visite l'habitation familiale des palmes  qui sert, prétend-on, de démembré et de haut lieu spirituel aux descendants de l'empereur. Nahomy porte un nom sur lequel elle ne sait jamais interroger. Il en est ainsi de l'histoire. Les  quelques curieux que nous connaissons  affirment que la descendance directe se serait  éparpillée dans les classes populaires, ce qui n'est pas tout à fait exact.  N'empêche que Faustin 1 er qui avait le port royal et une certaine noblesse dans le visage ait prêté un peu de cette élégance à sa postérité.

Nahomy d’une amabilité touchante est toute indifférence à ces mystères de famille  qui alimenteront encore longtemps l’histoire et sa légende. Elle termine pour l’instant quelques classes dans un collège ou une université en Floride. Demain, peut être, comme ce fut le cas pour Georges  Biassou, un général des armées d’Espagne inhumé en Floride, Nahomy Soulouque ira elle aussi la où l’histoire ne se fait plus. Un chercheur s’étonnera que la descendance de l’empereur ait essaimébien loin quelque part en Floride. Ponce de Léon a eu un sort moins ingrat car, à Coral Gables, l’aventurier espagnol en quête d’un bain de jouvence a bien sur remonté ces allées encore incertaines tracées par la conquête. Mais, il suffit d’un grain de sable pour que l’histoire s’écrie autrement.

Qui sait si Nahomy  dans le cas de son aïeul ne sera pas ce grain de sable. ?













Monday, November 12, 2012

QUESTIONS DU MONDE - Le Regard Afghan

C'etait en 1979. Les tanks russes etaient arrives la ou des peuplades de la steepe jouaient a ce jeu original si magnifiquement decrit dans les cavaliers de Joseph Kessel. Aujourd'hjui, lecteurs canadiens, francais, et autres francophones restent encore fascines par la vitalite non seulement du style,mais de ce pouvoir enivrant qui se degageait comme des sabots de ces chevaux a l'air sauvage. Les cavaliers eux memes paraissaient ceder a l'ivresse inspiree de ces terres d'Asie, lesquelles,malgre l'archaisme environnant semblaient ne plus vouloir d'une Europe fatiguee... L'Afghanistan, c'etait une etrange Asie, ou encore comme une incertaine respiration d'Europe. Plus de 20 ans plus tard, les choses avaient change comme aspirees par un souflle mysterieux. Les russes etaient partis, incapables de realiser le mariage de la faucille et de l'islam... vinrent les annees 2000, puis le 11 septembre et le reste. L'Afghanistan n'etait plus ce qu'elle etait. LE REGARD COMME GRACE ET PRESENCE Alors, vers la fin des années 70, l’Afghanistan, route de la soie dans un lointain passe, puis route de l’opium, commençait à déverser son surplus de population fuyant les russes et la guerre vers les pays voisins dont le Pakistan. Ambassades, agents de renseignements et le reste mirent l’accent à dessein sur les traditions afghanes de résistance et de fierté, et sur tout ce pouvait répondre à la vision occidentale. Apres tout, ces immenses terres qu’on dirait riches en pétrole ne pouvaient que faire rêver les officines et les hommes d’affaires occidentaux. Photographes, journalistes donnèrent à la cause afghane une publicité qui allait déboucher sur autre chose. Le hasard qui fait toujours bien les choses conduisit presque en pleine guerre le photographe de National Geographic sous la tente d’une fillette. On pense ici à la tente d’Atilla ou le chef Hun connut sa dernière ivresse. Mais, cette fois-ci, la tente ou le photographe était allé chercher comme sa proie ne se prêtait nullement à une quelconque ivresse ; elle servait plutôt d’école à un groupe de fillettes. Une fois rentre, Steeve Mc Curry se trouva comme électrifié par le regard d’une fillette. Il est des regards qu’on ne verra jamais deux fois. C’était un regard sauvage qui n’avait jamais vu les choses occidentales, ni les gratte-ciel, ni les autoroutes, pas même ces boulevards ou en fin d’âpres midi se promènent les couples plonges dans les projets pour le futur. Sharbat Gula ( son nom signifie : douce fleur d’eau en persan) jetait sur le photographe un regard qui parlait des premiers matins du monde vécus pourtant dans la guerre. Pas un brin de tendresse, pas même la naissance d’une douceur dans les gestes et le ton, mais plutôt un regard de fauve ou se concentrerait l’or vif du feu, le bleu océanique d’un midi d’avril et le vert agressif d’un gazon au matin. Ce regard immortalise par le camera et vu par des millions parle on dirait de Dieu au jour du Dies irae, un regard trop dense pour s’éteindre mais qui aurait vu la mort et ses secrets. Sharbat Gula avait vu mourir les siens. Elle avait parcouru des centaines de kms dans les montagnes de la frontière pakistanaise. Maintenant, elle faisait ce que font tous les enfants de son âge. Elle apprenait à lire. La fille afghane n’avait que 12 ans. Elle allait franchir les portes de l’adolescence. Elle deviendra femme sous les bombes américaines âpres avoir été orpheline sous les bombes russes. La guerre est une chose insensée. UN REGARD OBSEDANT Passe ces moments aussi inattendus pour le photographe qu’ils l’étaient pour la fillette, plus de 15 ans s’écoulèrent, mais la mémoire de ce regard n’a jamais cesse de hanter les nuits du photographe. Celles du monde non plus. Les gens et les lecteurs de National Geographic se posaient la même question ; Qu’était –il advenu de cette fillette et de ces yeux qui n’ont vu que la guerre ? Les canons, les avions, les écrans de fumée auraient –ils eu raison de ce regard situe entre deux moments fragiles du temps qui passe : l’enfance et les débuts d u jeune âge. Etait-ce possible que les enfants se voient voler leurs rêves et leurs illusions parce que la guerre impose ses lois qui ne sont autres que celles de la mort ? Ce sont ces questions venues de partout qui poussèrent le photographe à faire le pèlerinage a la recherche de ce fragile instant des yeux. L’INNOCENCE PERDUE Mc Curry put à force de patience retrouver la fillette. Pour tout dire, avait quitte le monde de l’enfance. Devenue mère, elle avait déjà trois filles et vivait avec son mari dans son village de Tora Bora, précise Curry. Son âge lui importe peu. Musulmane dans l’âme, elle ne fit qu’obéir a son mari quand le photographe exprima le désir de la photographier a nouveau. Entre ce regard de femme et celui de la fillette, on pourrait prendre la mesure du temps et le compter en lunes, en récoltes ou suivant notre calendrier grégorien. Peu importe, la ressemblance reste frappante entre la tonalite et les nuances de la pupille suivant des études menées dans un laboratoire de New Jersey. Conclusion : c’était la même personne. Ce qui entre temps, a laisse son empreinte sur le visage et bien sur le reste, c’était bien ce temps qui tue et ce temps qui reste. Pour une fille qui n’a connu que la guerre, on comprend bien que l’innocence propre à de telles peuplades ne peut que s’éteindre a jamais, comme absorbée par un je ne sais quoi. Présentant ces images une fois dans un amphithéâtre de Manhattan, Curry a rappelé que le temps n’était que naufrage et ruine, rien qu’à contempler ce regard isole comme un volcan éteint sur ce visage de femme qui commençait a vieillir sans avoir connu ces haltes sereines de l’âge adulte. Sharba Gula aura au moins laisse à notre temps ce regard de fauve qui n’attendait au fond que tendresse. CHRONIQUES AFGHANES

Friday, November 2, 2012

...HAITI, 50 ANS PLUS TARD

LA QUESTION HAITIENNE - Deuxieme partie
...HAITI, 50 ANS PLUS TARD...

FRANTZ BATAILLE

l'oasis de jerry tardieu
Maintenant que nous savons ce qu’a été le passe, il  reste à définir présentement de quoi sera fait l’avenir.

L’une des données de notre temps est l’américanisation avancée de la société haïtienne et de son mode de vie.  Le rêve américain sert –il finalement de référence aux aspirations haïtiennes au bien être ?  L’automobile, une maison de famille, l’éducation, l’épargne pour le college, les fonds de retraite, autant de paramètres qui donnent la mesure de la réussite matérielle.  L’horizon haïtien se déplace d’Afrique et d’Europe en direction de l’Amérique. C’est l’horizon triangulaire en manière de réplique au voyage négrier triangulaire.

Le flux migratoire des années 60 a été le fer de lance de ces transformations..  Il est hors de doute que la révolution sociale inhérente à cette conquête  des Etats Unis a opéré au delà des limites imaginables. Au  Sud du Rio Grande, l’américanisation est  bientôt une donnée de l’histoire. La consommation, la communication de masse, l’habitat, la dollarisation des économies périphériques, l’art, la musique rapt, tout porte désormais le sceau américain.

C’est peut être dans l’économie que Haïti  se révèle tributaire de l’américanisation. Les ménages font leurs emplettes à Miami, quitte a les stocker en Haïti. Les avions ambulances, le « morgage », le flux croissant des produits comestibles achèvent d’américaniser Haïti, au risque d’éteindre le secteur agricole et de transformer le petit cultivateur en ouvrier saisonnier ou en personnel domestique dans les villes et bourgs haïtiens. D’ailleurs, le capital ne peut venir que des USA, qu’il soit monétaire ou technologique. Au bout du compte, la marge économique haïtienne se réduit comme une peau de chagrin. Le cacao, le café, le sisal, appartiennent comme a l’âge préhistorique ou épique d’Haïti. Le PNB s’évapore, la prostitution s’installe, l’instabilité institutionnelle et celle de l’état en découlent.  Nées sous le signe de la négritude, les années 60, cinquante ans plus tard, achèvent de transformer  Haïti en un satellite des USA. La diaspora n’est pas innocente à cette conquête.  Aurait –il pu en être  autrement ?

La chance d’Haïti, de l’avis des chercheurs, passera  par les US.  L’heure est donc venue  pour sortir Haïti de son passe et  de se  propulser dans la modernité même au prix du viol   d’une  innocence restée  insulaire, c’est ce que  croyait d’ailleurs  Jacques Barrios, l’auteur de Haïti De 1804 A Nos Jours.  Les classes moyennes et les élites vont bientôt élaborer un nouveau contrat social qui n’aura plus rien du passe st domingois. C’est bien la fin  de la société traditionnelle, aux yeux d’un Leslie Manigat.  Une sorte de séisme psychologique s’est installée depuis des années dans les esprits et les mentalités, impliquant une véritable phase d’incubation aux conséquences inattendues.  Il faut espérer que depuis le 12 janvier, Haïti est devenue un point de mire planétaire, ce qui fait d’elle une sorte de lieu géométrique de la globalisation.  C’est sans doute avec ce douloureux contact entre Haïti et le globe que sortira la nouvelle identité haïtienne sans laquelle ce pays traumatise par l’histoire ne pourra jamais retrouver  ni son âme ni ce qu’on appelle la seconde chance du futur. 

Monday, October 29, 2012

HAITI, 50 ANS PLUS TARD…
FRANTZ BATAILLE

PREMIERE PARTIE

L
es années 60 restent déterminantes dans la vie nationale. Ce n'est pas que du point de vue politique, la guerre froide battant son plein, n'ait pas eu grand chose à voir dans l'orientation future d'Haïti.  Les années 60 représentent surtout un tournant par le simple fait que la société haïtienne a connu à cette époque une accélération dans le processus d'urbanisation.  Cette mutation sur fond de grossissement de flux migratoire et d’exode rural va  modifier le paysage physique et social  avant d ‘avoir des retentissements extra muros aux échos encore mal éteints.

Jusqu’a la fin des années 50, le pays haïtien se caractérisait par une mince frange urbanisée  et une hypertrophie insoupçonnée du monde rural.  Certes, choque par cette cassure et cette dichotomie sociale, de prestigieux auteurs mettront les autorités en garde contre le choc  en retour toujours possible d’un pays coupe en deux. Paul Moral, l’auteur du paysan haïtien, croyait  que l’heure des réparations avait sonne. Nous sommes déjà en 1961.  Le pays en dehors de Gérard Barthelemy reste encore tranquille, notamment depuis la 3eme guerre caco de  Benoit Batraville de 1920, dans le Plateau Central  et l’échauffourée de Marcha terre de 1929.  La Pax America s’est installée depuis 1934, même si Duvalier va lancer un appel quasi guerrier au monde rural, avec ses VSN. Toutefois, la question haïtienne va se préciser et prendre des proportions de péril démographique dont le massacre des Braceros en RD ne représente que la partie visible de l’iceberg.  En fait, le peril démographique est encore vivant, en rappelant que le Sud depuis 1910 et le Nord vers 1920  expatrient respectivement vers Cuba et Santo Domingo leurs paysans sans terre.

En somme, le monde rural sert encore beaucoup plus que de simple attraction touristique. L’agriculture fait vivre les ¾ de la nation. Il faudra attendre les années 80 pour voir le panier de la ménagère se modifier jusqu’a disparaitre  au profit des produits importes. Les jardins et cour jardins de Georges Anglade  dominent et colorent  les travaux et les jours du paysan haïtien. Toutefois,  l’exode rural est déjà une préoccupation des pouvoirs publics.  Les bidonvilles apparaissent déjà. Elles serviront d’arsenal à la grande colère des pauvres dans les années 90, tout en servant de repaire aux kidnappings et aux chime, veritable bras arme d’une forme de terrorisme d’état.

Donc, de  la fin des années 50 à 2010, les faits dominants de la vie nationale se résument dans la détérioration de la vie rurale, la disparition des grandes habitations et la bidonvilisation de l’espace urbain, tout cela sur fond d’explosion démographique.


Les pouvoirs publics sauront –ils se préparer à cette catastrophe inscrite déjà en filigrane dans les différents secteurs de la vie  nationale ?

Quoique la réponse a cette question tarde encore à venir,  il y a lieu de souligner cette politique de l’autruche que la société a impose aux décideurs alors en place.
Les départs pour l’étranger traduisent comme par compensation l’attrait que l’étranger exerçait déjà sur les élites et les classes moyennes. Amorcée a la fin des années 50, la migration vers l’étranger reste la caractéristique dominante des années 60. De nos jours, l’excuse la plus courante est que des reflexes de survie auraient pousse les élites du savoir et de l’avoir à s’expatrier. La dictature duvalierienne sert encore de prétexte au bovarysme des classes aisées. Au fond, la recherche d’un meilleur style de vie et la poursuite  des eldorados motivait et motive encore ces départs.  Haïti avait, quoiqu’on en pense, ses cadres. On va les retrouver au Canada, aux USA et en Afrique. Les Antilles françaises servaient de refuge à l’arrière cour d’Aquin et de Fond des Negres. Pour tout dire, au 20 eme siècle, les populations haïtiennes étaient les plus mobiles de la région caraïbe et du sous continent américain, preuve que quelque chose n’allait pas trop bien dans la première république noire du monde.

Les années 80 seront les plus critiques et  les plus décisives de cette période instable, témoin d’une véritable déshaitisation, compte tenu du rôle que le mode de vie étranger imposera à l’ensemble de la nation. « L’American way of life » s’infiltre partout, jusque dans nos hameaux recules. La France en perd son prestige et son rôle de référence séculaire. On voyage encore à Paris, mais on achète ses résidences secondaires à Miami et a NY. En 2010, la monnaie américaine est une denrée d’échange. La spéculation prend le pas sur la production. Washington arbitre les différends politiques haïtiens.  Haïti n’est indépendante que nominalement.

Il faudrait ici dire que les années 2000 sonnent le glas des indépendances haïtiennes au moment ou l’Afrique noire en est à fêter ses 50ans d’indépendance, non sans mettre en doute la possibilité pour les Haïtiens de se gouverner eux mêmes. Haïti, aux dires du Figaro, était devenu le fardeau du monde blanc. En 2004, Haïti célébrait ses deux cents ans  en pleine contestation politique, et  presque aux prises avec l’ancienne métropole française. Haïti a glisse depuis sur la pente d’une dépendance révoltante, étant donne la proverbiale fierté de son peuple.

Wednesday, October 17, 2012

LA QH LA TRIBALISATION

LA TRIBALISATION

Pour combler le vide laissé par la démobilisation des FAD ‘H. il s’est développé des groupuscules armés et par la suite des gardes prétoriennes, celles- là au service de la cause lavalassienne au départ, celles-ci appelées par vocation à protéger les vies et les biens.  Les bandes armées ne sont pas une nouveauté dans notre histoire ; l’armée souffrante de Jn J. Acau, le cacoisme sont les lointains ancêtres de ces armées parallèles qui rançonnent, violent, volent et tuent, avec la seule différence que, contrairement à ce que l’on pense, les cacos du Mord et les légions du Sud avaient une philosophie et une vision.

Dans les années 90 et 2000, encerclant les beaux quartiers de Babiole, de Debussy, de Delmas et de Berthé, les bidonvilles développées au seuil des résidences patriciennes, n’attendent que de répondre à l’appel des prophètes de malheur. La pauvreté, la misère, disent ces prophètes, n’est due qu’à l’exploitation. Il faut régler leurs comptes à ces bourgeoisies de faucons et la meilleure  façon de le faire n’est que d’appliquer la violence, fût-elle aveugle.

L’orage lavalssien passé, l’armée anéantie au nom de la démocratie et avec l’aval d’un Bill Clinton réduit aujourd’hui à battre sa coulpe, ces groupes  opèrent en toute impunité, continuent de semer le deuil et le désespoir  dans nos familles, kidnappant et immolant. Les pontes du régime lavalas, jusqu’aux ministres, empochent quelquefois les rançons et gonflent leurs comptes en US dollars. Il n’existe plus de garantie morale : les églises chrétiennes, malgré quelques sursauts, ne sont pas arrivées à exorciser le mal.

Par la suite, chaque cacique, disposant de sa propre armée ou de ses propres gangs, parait être a deux pas de légaliser ce qui est bien le crime institutionnalisé. Un président haïtien a même suggéré de négocier avec les chime ; un autre de s’entendre avec les kidnappeurs. Le danger d’une somalisation d’Haïti n’est pas à écarter.  Les bergers du troupeau sont devenus, redoutait le président Estime, ces loups mêmes qui le pillent et le tuent. C’est bien le legs des décennies dites démocratiques.

Mais, le pire, c’est le coût que la société  est en train de  payer. L’esprit de quartier, l’esprit de famille, la cohabitation du bon voisinage ont disparu, bouffés par la crise contemporaine, cette crise qui végète, notait le professeur Lesly. F  Manigat. L’enfance dont tout les adultes prenaient soin, le partage de nourriture par-dessus les clotûres, l’enfance qui était une responsabilité collective du voisinage,  le deuil qui n’était pas que individuel, les amis qui prolongeaient la famille horizontale plutôt que d’être le nucleus parental du modèle américain, autant de souvenirs qui ne sont plus que des reliques de la légende de la vieille Haïti.

Ces jours-ci, on s’attend au choc du patriciat et des mercenaires agglutines dans les bidonvilles autour des caïds qui vivent   à leur manière « the American way of life ». La guerre civile ferait presqu’un million de morts, estimaient les services secrets des pays amis. Mais, il existe un affrontement toujours possible entre les clans rivaux, entre les chime eux-mêmes d’une part et leurs chefs de l’autre,
L’autorité centrale ayant longtemps disparu. Les sociétés modernes se caractérisent par un état fédérateur dont l’embryon remonte, dans le cas d’Haiti, si l’on veut à Sonthonax et a Toussaint Louverture. Maintenant que chacun rêve de se faire justice à soi même, et de s’imposer au détriment d’une force institutionnalisée, la conclusion est patente que le rétablissement d’un semblant d’autorité passe par la mise sur pied d’un pouvoir fort, qu’il soit d’ici ou d’ailleurs.

Car,au moment où les assassins  reprennent du service, aux dires d’un militant ayant vieilli sous le harnais, on s’accorde à dire que la faute incombe au patriciat hostile à tout partage, malgré le coup de barre de 1957. On dit aussi que l’état providentiel et paternaliste haïtien a favorise la corruption aux dépens du progrès et de la bonne gestion. On oublie d’ajouter que le  président Estime avait prévu( pour cette bourgeoisie qui lui reprochait de ne pas savoir lui rendre son sourire) la venue d’un messie qui aurait tout de Lucifer et rien du Christ. Pour cette année Maya que voici, on en est là, pour des raisons tout autres. Les rescapés du lumpen embarquent dans les fourgons des classes heureuses, se marient parmi elles, se prélassent dans leurs lits tout en mangeant à leurs tables.  Le choc des classes n’aura finalement dépassé ni le ventre ni le bas ventre.

Les lumières, assure-t-on, brillent en des périodes de paix, de tranquillité et d’harmonie spontanée ou imposée. Les FAD’H et leurs auxiliaires ont quand même maintenu une pax de plus d’un demi siècle. Que la main étrangère ne soit  pas innocente à cette descente aux enfers ne change finalement  rien à la donne. Ce qui est évident, c’est que, malgré que la bête ait la vie dure, le besoin d’un remodelage économique, social et spirituel continue d’annoncer comme un grand rendez vous du printemps haïtien.

La tribalisation n’aura été,  enfin de compte, qu’un cauchemar  incongru .

LA QUESTION HAITIENNE

LA QUESTION HAITIENNE

LA TRIBALISATION

Pour combler le vide laissé par la démobilisation des FAD ‘H. il s’est développé des groupuscules armés et par la suite des gardes prétoriennes, celles- là au service de la cause lavalassienne au départ, celles-ci appelées par vocation à protéger les vies et les biens.  Les bandes armées ne sont pas une nouveauté dans notre histoire ; l’armée souffrante de Jn J. Acau, le cacoisme sont les lointains ancêtres de ces armées parallèles qui rançonnent, violent, volent et tuent, avec la seule différence que, contrairement à ce que l’on pense, les cacos du Mord et les légions du Sud avaient une philosophie et une vision.

Dans les années 90 et 2000, encerclant les beaux quartiers de Babiole, de Debussy, de Delmas et de Berthé, les bidonvilles développées au seuil des résidences patriciennes, n’attendent que de répondre à l’appel des prophètes de malheur. La pauvreté, la misère, disent ces prophètes, n’est due qu’à l’exploitation. Il faut régler leurs comptes à ces bourgeoisies de faucons et la meilleure  façon de le faire n’est que d’appliquer la violence, fût-elle aveugle.

L’orage lavalssien passé, l’armée anéantie au nom de la démocratie et avec l’aval d’un Bill Clinton réduit aujourd’hui à battre sa coulpe, ces groupes  opèrent en toute impunité, continuent de semer le deuil et le désespoir  dans nos familles, kidnappant et immolant. Les pontes du régime lavalas, jusqu’aux ministres, empochent quelquefois les rançons et gonflent leurs comptes en US dollars. Il n’existe plus de garantie morale : les églises chrétiennes, malgré quelques sursauts, ne sont pas arrivées à exorciser le mal.

Par la suite, chaque cacique, disposant de sa propre armée ou de ses propres gangs, parait être a deux pas de légaliser ce qui est bien le crime institutionnalisé. Un président haïtien a même suggéré de négocier avec les chime ; un autre de s’entendre avec les kidnappeurs. Le danger d’une somalisation d’Haïti n’est pas à écarter.  Les bergers du troupeau sont devenus, redoutait le président Estime, ces loups mêmes qui le pillent et le tuent. C’est bien le legs des décennies dites démocratiques.

Mais, le pire, c’est le coût que la société  est en train de  payer. L’esprit de quartier, l’esprit de famille, la cohabitation du bon voisinage ont disparu, bouffés par la crise contemporaine, cette crise qui végète, notait le professeur Lesly. F  Manigat. L’enfance dont tout les adultes prenaient soin, le partage de nourriture par-dessus les clotûres, l’enfance qui était une responsabilité collective du voisinage,  le deuil qui n’était pas que individuel, les amis qui prolongeaient la famille horizontale plutôt que d’être le nucleus parental du modèle américain, autant de souvenirs qui ne sont plus que des reliques de la légende de la vieille Haïti.

Ces jours-ci, on s’attend au choc du patriciat et des mercenaires agglutines dans les bidonvilles autour des caïds qui vivent   à leur manière « the American way of life ». La guerre civile ferait presqu’un million de morts, estimaient les services secrets des pays amis. Mais, il existe un affrontement toujours possible entre les clans rivaux, entre les chime eux-mêmes d’une part et leurs chefs de l’autre,
L’autorité centrale ayant longtemps disparu. Les sociétés modernes se caractérisent par un état fédérateur dont l’embryon remonte, dans le cas d’Haiti, si l’on veut à Sonthonax et a Toussaint Louverture. Maintenant que chacun rêve de se faire justice à soi même, et de s’imposer au détriment d’une force institutionnalisée, la conclusion est patente que le rétablissement d’un semblant d’autorité passe par la mise sur pied d’un pouvoir fort, qu’il soit d’ici ou d’ailleurs.

Car,au moment où les assassins  reprennent du service, aux dires d’un militant ayant vieilli sous le harnais, on s’accorde à dire que la faute incombe au patriciat hostile à tout partage, malgré le coup de barre de 1957. On dit aussi que l’état providentiel et paternaliste haïtien a favorise la corruption aux dépens du progrès et de la bonne gestion. On oublie d’ajouter que le  président Estime avait prévu( pour cette bourgeoisie qui lui reprochait de ne pas savoir lui rendre son sourire) la venue d’un messie qui aurait tout de Lucifer et rien du Christ. Pour cette année Maya que voici, on en est là, pour des raisons tout autres. Les rescapés du lumpen embarquent dans les fourgons des classes heureuses, se marient parmi elles, se prélassent dans leurs lits tout en mangeant à leurs tables.  Le choc des classes n’aura finalement dépassé ni le ventre ni le bas ventre.

Les lumières, assure-t-on, brillent en des périodes de paix, de tranquillité et d’harmonie spontanée ou imposée. Les FAD’H et leurs auxiliaires ont quand même maintenu une pax de plus d’un demi siècle. Que la main étrangère ne soit  pas innocente à cette descente aux enfers ne change finalement  rien à la donne. Ce qui est évident, c’est que, malgré que la bête ait la vie dure, le besoin d’un remodelage économique, social et spirituel continue d’annoncer comme un grand rendez vous du printemps haïtien.

La tribalisation n’aura été,  enfin de compte, qu’un cauchemar  incongru .
BALISATION

Wednesday, October 10, 2012

A LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU


DECEMBRE 07, 10

A LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU

Les plus belles des années d'Haïti ne sont  plus celles que l'on croyait.
1930, 1946, 1954, 1979, les années dites heureuses se distancent à un intervalle moyen de 15 ans. Cependant, entre les générations de ces années la, il n’y a pas grand chose de commun. Celles de 1930 et de 1946 se ressemblent politiquement, marquées l’une par le nationalisme et l’autre par l’authenticité et le besoin d’ouverture sur le reste du monde. Au tournant de 1950, ces générations se retrouvent happées par une américanisation balbutiante. Entre une France de moins en moins détentrice du modèle de référence et une Haïti a la recherche d’autres horizons, le mariage latin n’est plus qu’un mariage de raison. L’âge d’or situe vers 1954 est déjà saupoudre de folklore tropical épicé a la sauce de la magie vaudou qui fascine l’Amérique autant qu’Ava Gardner. Il y a déjà dans l’Haïti de la fin des années 50 ce frémissement qui annonce les impatiences du futur. Le glas sonne en 1957 des structures vermoulues du passé. Les pianos Pleyel des bords de mer du Sud se taisent, parfois sous une poussière jaunâtre et les toiles d’araignée.

Le clash des années 60 dans  une société déchirée entre son passé et un futur incertain, enlève peut être le sommeil a l’administration Kennedy sans ralentir pour autant la longue marche d’Haïti vers les 52 Afriques dansant déjà les tambours de la self détermination pour les dieux perdus de la  foret malienne. Duvalier est seul depuis Punta del Este a rassembler pierre sur pierre ce qui deviendra son aéroport sur lequel il accueillera le Roi des Rois Hailé Sélassié. Tout semble basculer sous les pieds d’une Europe fatigue par la guerre, tandis que l’Amérique en plein guerre froide se définit comme le grenier du monde, cela  jusqu’a l’écroulement du mur de Berlin. On pourra toujours se demander ce que Haïti a a gagner  à tenir la balance égale entre l’Est et l’Ouest, c’était oublier que l’humanisme negre pouvait encore avoir un mot à dire.
Les historiens parlent aujourd’hui de l’âge d’or de 1979. Il y aura toujours sous la grisaille du quotidien comme cette pluie d’or qui pourra séduire Danaé. Les hommes, a certaine époque, se contentent d’être heureux sans se demander pourquoi.  Haïti n’a pas toujours été maudite. 1930 en sonnant le glas des années de l’occupation, fit couler autant de larmes que Martin L. King débitant son discours: I have a dream… 1946 eut des couleurs d’apothéose jusqu’en 1950. Si les années 60 furent quelque peu amères, c’est que les élites n’étaient pas prêtes à payer le prix du passage à la modernité. Pensez à la grande société de Lyndon B. Johnson.
Et maintenant…

Depuis 1986, un sentiment de renouveau et de lassitude s’est installe dans la société, renforçant la perception que la précarité et l’impuissance continuent de marquer non sans fatalisme les âmes et les esprits. Jamais, cependant on  n’a été si proche de réinventer l’espérance qui depuis les Grecs reste la principale consolation de l’espèce humaine. Mais, pour ce faire, une certaine violence sur un certain passé incruste dans l’inconscient collectif peut se révéler un passage oblige; car, Haïti ne peut plus se laisser prendre a la gorge par ces fantômes qui se succèdent et se survivent. Les années dites exaltantes ne sont pas arrives à se soustraire a l’emprise de ces fantômes dont nous sommes malgré nous le jouet et les otages. Le passé n’est utile que s’il apporte les ingrédients indispensables aux édifices du futur. L’histoire ne peut plus être proustienne. L’histoire n’est vraiment histoire que si elle débouche sur l’inédit et sur le renouveau. Il y a eu Vertieres, mais il y a eu aussi la danse et le chant qui mènent au culte de ce qui reste de divin en chacun de nous. Autrement dit, chacun de nous peut se dépasser sur le plan individuel en sortant du passé collectif. A ce compte, de belles années nous attendant.

La chance d’Haïti n’est donc pas derrière, mais bel et bien devant elle.






















Wednesday, October 3, 2012

2 EME GUERRE MONDIALE. LE PILOTE ET LE SOLDAT

I


ls ne s’étaient jamais salués et ne se saluaient jamais.

Ils s’étaient finalement retrouvés en Haïti.  Petion-Ville. et habitaient deux maisons qui se   trouvaient l’une en face de l’autre. Tous les  matins, ils se croisaient, souvent au   supermarket, parfois à la station d’essence ou à la rue. Passaient dans l’indifférence, quelquefois, un pli au front. Qu’y avait-il entre eux ? Personne ne le savait. On dirait que s’entrevoir leur donnait presqu’un haut le cœur. Le regard qu’ils se jetaient inspirait autant de mépris que de nausée. Ils n’étaient point haïtiens, ne s’étaient donc pas querellés, ne s’injuriaient pas, n’avaient point entre eux des haitianneries qui renvoyaient a des histoires de famille et de couleur épidermique.

Ils étaient plutôt des blancs.

Y-avait-il entre eux des relations de famille tournées au vinaigre au fil du temps ? Non. Ni leurs filles ni leur garçons ne s’étaient mariés. Ils n’avaient pas non plus dans leurs relations s une de ces affaires qui s’etaient  achevées dans le drame. Ils n’étaient pas non plus des diplomates occupés à étouffer un incident ou à verser un contentieux. Arrivés tous deux en Haïti presque au lendemain de la  guerre, ils paraissaient plutôt attelés à se refaire une vie sous les Tropiques. Haïti jouissait d’une réputation que lui avaient  fait son rhum, le farniente, et un rythme qui pouvait leur permettre de se remettre de leur fatigue et de leurs désillusions.
Nos deux compères le savaient.

Donc, autant en jouir. L’Europe était loin.

Ils ne se saluaient point, ne s’étaient jamais salués.
Ils vivaient de souvenirs. L’âge leur avait fait un bon lot d’expériences. L’âge aurait du les assagir. Au contraire. S’ ils avaient eu  à la main un conteau, c’eut été un drame de plus. Leur regard le disait, et leur attitude physique également.  A les voir se dévisager quelquefois, en début de matinée, on le sentait. Deux voisins, ça invite à la cordialité. Mais, non. Heureusement, Haïti est dans leur cas, bien un no man’s land.
Une fois, l’un d’eux qui s’était laissé aller à un peu de sentimentalité a confié que la Resistance est passée par les Fourches Gaudines de l’occupant, il n’y a qu’a lire le Moulin Rouge, a –t-il ajoute. Son rictus nauséeux, sa mauvaise humeur, s’explique donc. Ce type qu'il ne pouvait sentir, il l’a connu en des temps difficiles.

Son voisin, lui, s’est retrouvé en France, du côté  allemand durant l’occupation. Pilote de mobilisé après l’armistice de Juin 1940, il est rentré chez lui. C’est là que tous les matins, il voyait passer en tenue militaire avec au col la croix gammée son voisin occupé alors à des taches de police ponctuelles. Tout est parti de la, et la haine et la rage à peine contenue de notre pilote.
Ce pilote qui était français s’appelait ...et son occupant allemand Siegel.

Ils se sont revus en Haïti.



PARIS LIBERATION, AOUT 1944




IL Y A 70 ANS, PARIS SE LIBERE




                                     









Tuesday, September 25, 2012

L‘HORIZON NE S'ARRETE PAS A LA COULEUR DE LA PEAU.


Livres et Société 



NDRL.

Selon, l'auteur des  jacobins Noirs, la question de couleur est la malediction haitienne


Le diplomate Pierre Chavenet m’a dit un jour qu’il faudrait lire AMOUR, COLERE,  FOLIE de Marie Vieux Chauvet, si l’on voulait  saisir l’intensité des luttes de couleur en Haïti. Je pense avoir lu un peu trop vite ce roman venu après ce que l’on appelé les Vêpres Jeremiennes, épisode postérieur au débarquement des treize de Jeune Haïti et également postérieur   au choc des castristes avec  la Brigade 2056, achevé piteusement a  la Baie des Cochons en 1961.  La question de couleur hante comme un spectre ce roman qui donne la parole aux victimes, en diabolisant les bourreaux dans la plus pure tradition de l’opposition haïtienne née dans les alcôves et les  boudoirs, en attendant de parler le langage  des armes. Quelques années auparavant, Marie Chauvet avait enrichi la littérature haïtienne d’un roman historique : LA DANSE SUR LE VOLCAN. Roman un peu ambigu et très réaliste cependant qui raconte l’histoire de deux jeunes mulâtresses qui découvrent non sans rage les cicatrices laissées par le fouet du commandeur sur l’épaule de leur mère. Ce fut cette cicatrice qui scella pour le meilleur et le pire leur destin à St Domingue.


La couleur de la peau: le drame haitien...

Entre ces deux romans, l’un inspire des luttes  de la période coloniale et l’autre de la vie contemporaine dans une Haïti indépendante depuis plus de 150 ans, on retrouve comme une malédiction la question de couleur qui n’a pas été exorcisée malgré toutes les messes de requiem de nos élites.  Mie Chauvet, sans s’en rendre compte, est elle aussi une victime qui témoigne sur deux claviers différents, le clavier paternaliste d’une St Domingue ayant fait son propre 1789 et le clavier républicain du moins par les valeurs que prône cette Haïti criant sous tous les toits : Egalite, Liberté, Fraternité.  Price Mars était plus honnête quand il résumait  cette trilogie en duperies, hypocrisie et mensonge. Alors, que le sang fut verse a des périodes aussi éloignées les unes des autres confirme bien que la République a besoin de se réinventer non seulement sur le plan du discours, mais aussi sur celui du vécu et du concret. Ce n’est pas l’œuvre d’un jour, nous le savons, mais, c’est le rêve de toute élite qui ne veut plus se mentir à elle-même et qui a besoin de s’exposer au vent du large.

Ce qu’il convient de retenir toutefois, ce sont les affrontements que inspireront deux visions différentes d’un monde coince sur ses terres mais nostalgique des lointains horizons d’une Afrique mythique et d’une Europe qui encore aujourd’hui veut donner le ton. Des sables de l’Anse d’Hainaut aux mangliers du Maribaroux, la bataille est moins dans les faits que dans les âmes. Personne ne veut s’accepter et chacun s’invente un visage. Celui du maitre bien sûr, mais celui d’un esclave qui veut jouer au maitre sans cesser d’être esclave.  Le Professeur Leslie M. Manigat disait que l’esclave domestique, proche du maitre, avait aussi ses esclaves dans les champs. Il a oublié d’ajouter que la plus grande menace que  l’on pût  faire à un esclave mulâtre, c’était de le menacer de le vendre à un affranchi noir.  Le rêve de Sonthonax reste donc une grande illusion. Chaque fois que l’on touche à la matrice de ce pays, on entend le ricanement moqueur du commissaire français, comme si, à la manière de l’œuf de Léda, tout était joué au départ.

Les colères de Mie Chauvet puisent leur légitimité dans les excès  d’un certain pouvoir noir, si l’on veut appeler les choses par leur nom. On se souvient que dans les années 63 et 64, les journaux disaient que l’on veut à présent créer une nouvelle bourgeoisie à base de vols, de rapines et de crimes. Le problème n’en garde pas moins sa complexité. Et l’on entendra pour longtemps encore le ricanement de Sonthonax toutes les fois qu’on s’arrêtera à la couleur de la peau qui est loin d’être un horizon indépassable,  pour parodier  Jean Paul  Sartre.

Bibliographie
Les Jacobins Noirs
Cyril Lionel Robert .James:
1938
La Danse sur le volcan
Paris : Plon, 1957
Marie Vieux Chauvet
Amour, colere et folie
1968, Gallimard
   Septembre 2012